Selon lâAssociation mondiale des journaux (AMJ) et ARTICLE 19. la Commission sud-africaine des droits de la personne, qui a cité plus de trente directeurs de publications et journalistes à comparaître à des audiences sur le racisme dans les médias, présente âune menace très réelle à la liberté dâexpression et à lâindépendance de la rédactionâ. Au […]
Selon lâAssociation mondiale des journaux (AMJ) et ARTICLE 19. la Commission sud-africaine des droits de la personne, qui a cité plus de trente directeurs de publications et journalistes à comparaître à des audiences sur le racisme dans les médias, présente âune menace très réelle à la liberté dâexpression et à lâindépendance de la rédactionâ. Au moins six directeurs de publications et journalistes, de 24 organes dâinformation, ont reçu de la Commission lâordre de comparaître devant les tribunaux, sous peine dâamendes ou de six mois dâemprisonnement. Le Centre européen du journalisme (CEJ) rapporte que le rédacteur en chef du âFinancial Timesâ, Richard Lambert, figure au nombre des personnes assignées à comparaître, ce qui fait de lui à ce jour le premier rédacteur en chef dâune publication étrangère à devoir se présenter devant lâenquête. LâAMJ et ARTICLE 19 précisent que si le racisme constitue un problème bien réel dans les médias, auquel il faut sâattaquer, la Commission nâest pas pour autant lâorganisme approprié pour sâen occuper. Pour ARTICLE 19, à part le discours haineux, déjà interdit par les lois nationales et internationales, âla garantie de liberté dâexpression offerte en vertu des droits national et international interdit aux corps publics de recourir à des moyens coercitifs pour imposer des normes aux journaux, y compris en matière de toléranceâ. LâAMJ insiste pour que lâon sâattaque à la question du racisme dans le cadre plus large des âdispositions juridiques existantes, qui sâappliquent à tous les citoyens de la société, et que des mesures particulières ne sâappliquant quâaux médias constitueraient un empiètement de la liberté de presseâ.
Le Forum national des directeurs de publications dâAfrique du Sud (SANEF) qualifie ces assignations dââatteinte à la disposition de la Constitution sur la liberté fondamentale des médiasâ, et a rencontré la Commission pour débattre de cette question. Pour sa part, comme solution de rechange, ARTICLE 19 recommande à lâAfrique du Sud de sâattaquer à la question du racisme dans les médias en recourant à un autre mécanisme et à dâautres lignes directrices, par exemple celles que la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a formulées. La FIJ compte des membres dans plus de cent pays, et ses lignes directrices invitent les journalistes âà faire tout en leur possible pour éviter de contribuer au racismeâ. Entre-temps, lâAMJ et ARTICLE 19 pressent tous les médias et tous les citoyens dâAfrique du Sud dâassumer leurs responsabilités et dâéviter toute forme de discrimination raciale.