Les autorités éthiopiennes traquent les journalistes, les militants de la société civile et les dirigeants de l’opposition, afin de faire taire les critiques adressées au gouvernement à la suite des protestations publiques qui ont fait plus de 40 morts aux mains des forces de sécurité, selon ce que rapportent l’Association des journalistes de la presse […]
Les autorités éthiopiennes traquent les journalistes, les militants de la société civile et les dirigeants de l’opposition, afin de faire taire les critiques adressées au gouvernement à la suite des protestations publiques qui ont fait plus de 40 morts aux mains des forces de sécurité, selon ce que rapportent l’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (Ethiopian Free Press Journalists’ Association, EFJA), l’Institut international de la presse (IIP), Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le gouvernement éthiopien a publié une liste de personnes « recherchées » contenant les noms de 58 personnes, dont 17 éditeurs et rédacteurs, qui seront poursuivis pour avoir tenté de « saper par la violence l’ordre constitutionnel dans le pays ».
Les médias d’État ont répandu des photographies de nombre des journalistes et incité le public à informer la police de leurs allées et venues. Le chef de l’EFJA, Kifle Mulat, figure sur la liste. Mais il n’est pas dans le pays. Des dirigeants de l’Association des enseignants d’Éthiopie et des représentants locaux d’Action Aid, une société caritative internationale, figurent eux aussi sur la liste.
Le Premier ministre d’Éthiopie, Meles Zenawi, a déclaré que certains individus dont le nom est inscrit sur la liste seront accusés de trahison, ce qui les rend passibles de la peine de mort en Éthiopie. Il a accusé certains journalistes de travailler main dans la main avec des partis d’opposition et de promouvoir les protestations de rue à Addis Abéba.
Selon le CPJ, huit journalistes sont détenus jusqu’à maintenant : Andualem Ayle, de l’hebdomadaire privé en langue amharique « Ethiop »; Nardos Meaza, de l’hebdomadaire privé en langue amharique « Satanaw »; Zekarias Tesfaye, éditeur de l’hebdomadaire privé en langue amharique « Netsanet »; Dereje Habtewolde, rédacteur en chef adjoint du « Netsanet »; Fassil Yenealem, éditeur l’hebdomadaire en langue amharique « Addis Zena »; Wosonseged Gebrekidan, rédacteur en chef du « Addis Zena »; Dawit Kebede, rédacteur en chef du « Hadar »; et Feleke Tibebu, rédacteur en chef adjoint du « Hadar ».
La police a perquisitionné les bureaux du « Netsanet », de l’« Ethiop » et du « Abay », et confisqué des documents, des ordinateurs, de l’argent, ainsi que de l’équipement et du matériel divers.
Les autorités éthiopiennes se servent également des médias qui appartiennent à l’État pour lancer une campagne de diffamation contre les radiodiffuseurs la Voix de l’Amérique (VOA) et Deutsche-Welle, d’Allemagne.
Les deux diffusent vers l’Éthiopie des émissions d’informations dans la langue locale sur ondes courtes, et constituent une source populaire d’informations dans un pays dépourvu de stations de radio indépendantes locales. Le « Ethiopian Herald », propriété d’État, a publié un article accusant VOA, Deutsche Welle Radio et la presse privée de « promouvoir la mission destructrice des partis d’opposition ».
Des entreprises de presse internationales indiquent que plus de 40 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité et les partisans de l’opposition qui accusaient le premier ministre Meles Zenawi d’avoir truqué les boîtes de scrutin en mai afin d’être réélu.
Consulter :
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Ethiopia14nov05na.html
– IIP : http://www.freemedia.at/Protests2005/Ethiopia14.11.05.htm
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=15595
– Dossier de Human Rights : http://hrw.org/english/docs/2005/01/13/ethiop9833.htm
– Liste des « Journalistes recherchés » : http://www.ethiomedia.com/fastpress/sixty_sued.html