Malgré d'importants progrès dans le domaine de la liberté d'expression, il reste bien trop facile d'arrêter et de condamner des journalistes qui n'ont fait que leur métier ou exprimé une opinion, a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Le 22 juin 2011 – Au lendemain d’élections législatives importantes, Reporters sans frontières en appelle aux autorités turques pour qu’elles fassent la preuve de l’attachement à la liberté de la presse qu’elles ont revendiqué lors de la campagne électorale.
Alors que le sujet n’a jamais été autant soulevé dans l’agenda politique, l’organisation publie aujourd’hui un rapport d’enquête intitulé « Médias et justice en Turquie : entre méfiance et réflexes sécuritaires ». Fruit des récents déplacements de l’organisation à Istanbul et du travail accompli depuis lors, ce document rend compte du harcèlement judiciaire dont sont victimes les professionnels des médias turcs.
Malgré d’importants progrès dans le domaine de la liberté d’expression, il reste bien trop facile d’arrêter et de condamner des journalistes qui n’ont fait que leur métier ou exprimé une opinion. Saisir leurs documents, remonter à leurs sources, est monnaie courante en Turquie. Les principes journalistiques sont encore trop peu garantis par la loi, alors qu’un lourd arsenal législatif continue de tracer de strictes lignes rouges. Lorsqu’elles existent, ces maigres protections légales sont trop souvent balayées par une pratique judiciaire sécuritaire et paranoïaque. En outre, ces derniers mois, les journalistes se sont retrouvés otages de l’intense polarisation politique prévalant dans le pays, et sont devenus des victimes collatérales de la lutte féroce pour le pouvoir au sein de l’appareil d’Etat.
« Samedi, cela fera cent jours que les journalistes d’investigation Ahmet Sik et Nedim Sener sont derrière les barreaux. D’importants rassemblements s’organisent, témoignant que la liberté de la presse n’était pas seulement un thème de campagne. Par sa mobilisation sans précédent, la société civile a montré que ses attentes dans ce domaine étaient réelles et importantes. Elles appellent des réponses immédiates », a déclaré l’organisation.
« Les autorités ont été jugées politiquement responsables du harcèlement judiciaire subi par les journalistes. À l’heure où elles revendiquent pour la Turquie un rôle de modèle démocratique régional, cela ne peut que leur porter préjudice. Elles ont donc tout intérêt à nouer un dialogue franc et ouvert à ce sujet avec les journalistes et ses partenaires internationaux ».
Lors d’une conférence de presse tenue à Istanbul le 19 avril 2011, le secrétaire-général de l’organisation, Jean-François Julliard, avait identifié un certain nombre de « lignes rouges », sources de poursuites pour les journalistes qui les franchissent. Malheureusement, ce constat n’a rien perdu de son actualité, comme l’illustrent abondamment des exemples tirés des seules deux dernières semaines.
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