Les journaux privés du Tchad organisent un blackout des nouvelles cette semaine afin d’attirer l’attention internationale sur la répression croissante de la presse indépendante et ce qu’ils qualifient de « dictature rampante » du Président Idriss Déby, après l’incarcération de quatre reporters au cours des deux derniers mois. Depuis le 22 août 2005, huit journaux […]
Les journaux privés du Tchad organisent un blackout des nouvelles cette semaine afin d’attirer l’attention internationale sur la répression croissante de la presse indépendante et ce qu’ils qualifient de « dictature rampante » du Président Idriss Déby, après l’incarcération de quatre reporters au cours des deux derniers mois.
Depuis le 22 août 2005, huit journaux privés ont cessé de paraître et plusieurs stations de radio privées ont cessé de diffuser les nouvelles, afin de protester contre l’emprisonnement de Ngaradoumbé Samory, Garondé Djarma, Sy Koumbo Singa Gali et Michaël Didama. Ces journalistes ont été condamnés pour avoir incité à la haine et avoir diffamé le président en raison d’articles qui critiquaient Déby et qui mentionnaient des conflits dans l?est du Tchad.
Les emprisonnements ont poussé Journaliste en danger (JED), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) à exiger la libération immédiate des journalistes et à exprimer leur très grande inquiétude pour la liberté de la presse dans le pays.
Samory, rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé « L’Observateur », a été condamné le 18 juillet à trois mois de prison et à 100 000 francs CFA (180 $ US) d’amende pour avoir publié une lettre ouverte au président dans laquelle il critiquait le traitement, par le gouvernement, des Kredas, un groupe ethnique minoritaire. Samory s’est fait demander de révéler l’identité de l’auteur, mais il s’y est refusé.
Pour sa part, Djarma a été condamné à quatre ans de prison pour avoir écrit dans « L’Observateur » un article critiquant un amendement constitutionnel intervenu en juillet qui permet à Déby de solliciter un troisième mandat. Djarma a en outre été condamné à une amende de 1,2 million de francs CFA (2 140 $ US).
Le 15 août, Gali, le directeur de la publication de « L’Observateur », était condamné à un an de prison et à une amende de 200 000 francs CFA (380 $ US) pour avoir publié une entrevue avec Djarma dans laquelle il accusait les membres arabes des « janjaweed » du gouvernement tchadien de conspirer pour le réduire au silence en raison de sa couverture du conflit entre Arabes et Africains noirs dans la province voisine du Darfour, au Soudan.
Par ailleurs, Didama, le directeur de la publication de l’hebdomadaire privé « Le Temps », subit un procès pour avoir publié en mai des reportages sur un massacre de civils qui se serait produit dans l’est du Tchad et sur des allégations d’activités antigouvernementales des rebelles dans la même région.
Les journalistes du Tchad disent que le gouvernement Déby devient de plus en plus répressif à l’égard des médias privés, qui se montrent en grande partie critiques des ambitions présidentielles d’un troisième mandat.
Consulter les sites suivants :
– JED : http://www.jed-afrique.org/full_view.php?id_alerte=409
– RSF : http://www.rsf.org/une_pays-23.php3?id_mot=45&Valider=OK
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=3308&Language=FR
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Chad15aug05na.html
– Reuters : http://tinyurl.com/83qgl