Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme devant ce qu’il qualifie de « répression croissante » des médias d’information au Yémen. En 2004, le groupe a recensé au moins 24 violations de la liberté de la presse, dont neuf peines de prison avec sursis prononcées contre des journalistes en dépit de l’engagement pris par […]
Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme devant ce qu’il qualifie de « répression croissante » des médias d’information au Yémen. En 2004, le groupe a recensé au moins 24 violations de la liberté de la presse, dont neuf peines de prison avec sursis prononcées contre des journalistes en dépit de l’engagement pris par le président en juin dernier d’abolir les peines de prison pour délits de
presse.
« Ces vagues de répression régulières contre la presse créent un climat d’intimidation extrêmement malsain pour le travail des journalistes », dit le groupe membre de l’IFEX. Parmi les journalistes qui ont été condamnés à des peines de prison avec sursis, on compte Abdelwahed Hawache et Abdel Jabbar Saad, de l’hebdomadaire « Al Ihiya al Arabi », qui ont critiqué la famille royale saoudienne.
Les autres journalistes comprennent Abderrahmane Abdallah, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Tajamaa » (« Le Rassemblement »), qui a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir rapporté qu’un citoyen libyen avait tenté d’assassiner Abdallah, prince héritier d’Arabie saoudite, tandis qu’un de ses journalistes, Nabil Sabie, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour
le même article. Hamid Chahra, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Nass » (« Les Hommes »), a eu droit à une peine de trois mois avec sursis et à une amende de 50 000 riyals (183 euros) pour diffamation parce qu’il avait fait allusion à la corruption qui règne dans les milieux politiques du Yémen.
Selon RSF, ces sentences de prison contredisent directement le président du Yémen Ali Abdallah Saleh, qui avait promis en juin 2004 d’« ?uvrer pour mettre un terme aux peines d’emprisonnement pour des délits de presse ». Certains journalistes locaux disent avoir perdu confiance dans le système judiciaire du pays et ne croient plus aux promesses du président concernant la liberté de la presse.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) fait remarquer que la Loi de 1990 sur la presse au Yémen demeure une formidable menace pour la liberté de la presse. Cette loi interdit toute critique du président et énumère en termes vagues une longue liste de délits susceptibles de mener les journalistes devant les tribunaux et en prison.
L’article 103 interdit aux journalistes et rédacteurs de
publier des articles qui « entraînent de la discrimination tribale, sectaire, raciale, régionale ou ancestrale » ou qui « sapent la morale publique ou portent atteinte à la dignité des personnes ou des libertés personnelles ».
Consulter :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=12272
– CPJ : http://www.cpj.org/attacks03/mideast03/yemen.html
– Institut international de la presse : http://www.freemedia.at/wpfr/Mena/yemen.htm