L’Association des médias électroniques indépendants (ANEM) et d’autres groupes membres de l’IFEX signalent que la situation des médias indépendants s’est détériorée de façon dramatique depuis que les forces de l’OTAN ont commencé à bombarder la Serbie et le Kosovo la semaine dernière. Des journalistes, des écrivains et des artisans des médias ont été assassinés ou […]
L’Association des médias électroniques indépendants (ANEM) et d’autres groupes membres de l’IFEX signalent que la situation des médias indépendants s’est détériorée de façon dramatique depuis que les forces de l’OTAN ont commencé à bombarder la Serbie et le Kosovo la semaine dernière. Des journalistes, des écrivains et des artisans des médias ont été assassinés ou arrêtés et déportés, tandis que d’autres médias indépendants ont été fermés ou incendiés en Serbie et au Kosovo.
Selon l’Institut international de la presse (IIP), le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC), Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Baton Haxhiu, rédacteur en chef du plus important quotidien en langue albanaise du Kosovo, « Koha Ditore », aurait été assassiné le 28 mars en même temps que Fehmi Agani, membre de la délégation kosovare aux pourparlers de paix de Rambouillet, et, selon le PEN International, qu’une autre personne, Alush Gashi. D’après le PEN International, les allégations selon lesquelles deux écrivains, Teki Dervishi et Din Mehmeti, auraient aussi été exécutés en même temps pourraient n’être pas fondés et font l’objet d’une enquête. D’après un porte-parole militaire de l’OTAN, les assassinats ont été perpétrés après que les dirigeants albanais eurent assisté aux obsèques de l’avocat Bajram Kalmendi, abattu avec ses deux fils par des policiers serbes la première nuit des attaques aériennes, le 24 mars. On a largement rapporté que Haxhiu et les autres avaient été assassinés. Certaines sources indiquent toutefois que ces rapports pourraient n’être pas véridiques, selon le PEN International.
Le bureau de Pristina du « Koha Ditore » a été détruit; le gardien qui assurait la surveillance a aussi été abattu par la police serbe après le début des raids aériens. Le journal avait dû cesser ses activités le 22 mars après s’être vu infliger une très forte amende pour avoir fait paraître un article qui aurait « incité à la haine »; le directeur du journal, Veton Surroi, cosignataire de l’accord de paix de Rambouillet, s’est réfugié dans la clandestinité.
L’ANEM indique que, selon le Centre des médias de Pristina, le chauffeur d’une voiture transportant une équipe de journalistes russes vers Belgrade, Nenad Stojkovic, a été tué le 28 mars par un tireur embusqué sur la route de Pristina à Podujevo. Les journalistes, Alexandr Pobrakov et Serguei Patnikov, n’ont pas été blessés. Le 27 mars, le ministère yougoslave des Télécommunications a interdit l’accès aux ondes à la station « Television Soko », de Soko Banja, ville de l’est de la Serbie. « Television Soko » est membre de l’ANEM. « Selon le directeur de la station, dit l’ANEM, âTV Soko’ était pour la population le seul lien avec les quartiers généraux de la défense civile. » L’ANEM demande « la cessation de la violence contre les journalistes et prévient que c’est exactement à cause des circonstances critiques dans lesquelles est plongé le pays qu’il est essentiel de pouvoir bénéficier du libre travail de journalistes professionnels, surtout dans les médias électroniques locaux, si on veut fournir des informations ponctuelles véridiques aux auditoires locaux et internationaux ».
D’après le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), des journalistes locaux ont été détenus à Belgrade le 27 mars et « les journaux indépendants de Belgrade rapportent qu’ils ont de la difficulté à se procurer du papier-journal. La plupart d’entre eux ont dû cesser de paraître ou réduire de façon rigoureuse leur contenu et leur tirage ». Selon le CPJ, le quotidien « Dnevni Telegraph », qui depuis plusieurs mois était introduit illégalement de Zagreb en Serbie, ne paraît plus. Le 25 mars, le ministre serbe de l’Information, Alexandr Vucic, a ordonné l’expulsion de Serbie de tous les correspondants venant des pays membres de l’OTAN. Selon le ministère, les journalistes sont les « instig[ateurs] des actions agressives de l’OTAN, qui visent à détruire l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale de la Serbie et de la Yougoslavie et à répandre la désinformation dans le monde entier ». Pour sa part, le CPJ déclare : « Ce décret contredit certaines déclarations antérieures du gouvernement yougoslave, où il affirmait que les journalistes étrangers étaient les bienvenus, tant que leurs reportages restaient objectifs ». Un grand nombre de correspondants étrangers ont été arrêtés et détenus pendant la nuit, menacés et contraints de quitter le pays, d’autres ont préféré sortir du pays immédiatement après l’avertissement du ministre de l’Information. Le CPJ et RSF disent que la plupart des correspondants ont quitté le pays le jour même.
à la suite des menaces proférées contre les médias indépendants, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) prépare la visite à Belgrade d’une délégation internationale. La FIJ, qui représente des groupes de journalistes en Serbie et au Kosovo, condamne la « discrimination politique » pratiquée contre eux. « Nous rejetons les étiquettes politiques d’OTAN et de Serbie », a déclaré le 27 mars le secrétaire général de la FIJ, Aidan White. « Les journalistes tentent d’éviter d’être partie au conflit. Même dans des circonstances aussi terrifiantes et difficiles, ils veulent rester indépendants. Les politiciens de tous les côtés doivent cesser de tenter de manipuler le flux des informations. » La FIJ, conjointement avec un groupe affilié, l’Union des journalistes néerlandais (NVJ), a demandé à ses membres de Russie et de Grèce de proposer des journalistes pour faire partie de la délégation internationale, qui doit compter un membre de la FIJ de cette région du monde. « Nous voulons protéger tous les journalistes pris dans le conflit. La question est d’importance pour les correspondants étrangers, mais il est tout aussi important de se pencher sur les problèmes que doivent affronter nos collègues de la région », a déclaré Aidan White.
Depuis que le gouvernement a confisqué l’émetteur de « Radio B92 » le 24 mars, et que son directeur Veran Matic a été arrêté et a passé une nuit en cellule, une campagne s’est amorcée pour permettre à la station indépendante de Belgrade de poursuivre la diffusion sur Internet. La nouvelle est transmise par le groupe Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), qui appuie la campagne. B92 diffuse en ligne à http://www.b92.net depuis 1996; on peut maintenant l’entendre grâce à des sites parallèles (ou réflecteurs) tels que http://helpB92.xs4all.nl, qui transmet les informations les plus récentes sur les attaques contre les stations de radio indépendantes de la région. CJFE prie instamment les médias et les particuliers de soutenir cette cause en relayant le site ou en l’accrochant au leur par un hyperlien. La campagne a été lancée le 24 mars à Amsterdam par le fournisseur XS4ALL et d’autres groupes qui veulent soutenir B92 et d’autres médias indépendants de Yougoslavie. Pour de plus amples renseignements ou pour envoyer des messages d’appui, voici l’adresse électronique : helpB92@xs4all.nl. »>http://www.b92.net »>http://www.b92.net depuis 1996; on peut maintenant l’entendre grâce à des sites parallèles (ou réflecteurs) tels que http://helpB92.xs4all.nl, qui transmet les informations les plus récentes sur les attaques contre les stations de radio indépendantes de la région. CJFE prie instamment les médias et les particuliers de soutenir cette cause en relayant le site ou en l’accrochant au leur par un hyperlien. La campagne a été lancée le 24 mars à Amsterdam par le fournisseur XS4ALL et d’autres groupes qui veulent soutenir B92 et d’autres médias indépendants de Yougoslavie. Pour de plus amples renseignements ou pour envoyer des messages d’appui, voici l’adresse %26#233;lectronique : helpB92@xs4all.nl.