Jean-Paul Ibarra Ramírez, photographe de scènes de crime au quotidien local « El Correo », et la chroniqueuse judiciaire Yenny Yuliana Marchán Arroyo, du quotidien « Diario 21 », avaient été dépêchés le 13 février par leur journal pour couvrir un accident de la route survenu à in Iguala, dans l’État de Guerrero. Mais ils […]
Jean-Paul Ibarra Ramírez, photographe de scènes de crime au quotidien local « El Correo », et la chroniqueuse judiciaire Yenny Yuliana Marchán Arroyo, du quotidien « Diario 21 », avaient été dépêchés le 13 février par leur journal pour couvrir un accident de la route survenu à in Iguala, dans l’État de Guerrero. Mais ils n’ont pas eu l’occasion de rapporter un reportage. Selon le Centre pour le journalisme et l’éthique publique (CEPET), Reporters sans frontières (RSF) et d’autres groupes membres de l’IFEX, les deux journalistes ont été attaqués par des individus armés pendant qu’ils se rendaient sur les lieux de l’accident. Ibarra a été tué, tandis que Marchán a subi de graves blessures.
Bien qu’on n’ait pas encore déterminé de mobile, l’attaque est typique du climat d’extrême violence qui règne dans certaines régions du pays, surtout depuis que le président Felipe Calderón a lancé en 2006 une grande offensive contre le trafic de drogue, dit RSF.
D’après ARTICLE 19 et RSF, depuis 2000, au moins 29 journalistes ont été tués au Mexique dans l’exercice de leur profession et huit autres sont toujours portés disparus. L’impunité, totale ou partielle, l’emporte dans tous ces cas. « Tant que tous ces meurtres de journalistes resteront impunis au Mexique, les journalistes continueront à tomber dans ce carnage », dit RSF.
Le Bureau du Procureur spécial pour les crimes commis contre les journalistes (FEADP) a été mis sur pied en 2006 dans le but de s’attaquer à ces homicides et à ces agressions contre les médias. Mais le FEADP a réalisé peu de choses, dit ARTICLE 19 qui, tout-à-fait par hasard, le jour même de l’assassinat de Ibarra, a publié « Empty Words » (Paroles creuses), une analyse en profondeur du FEADP.
« Aucun des crimes contre les journalistes n’a été résolu. Cela est en grande partie attribuable à l’absence de volonté politique et aux piètres capacités d’enquête du FEADP », dit ARTICLE 19.
« Empty Words » souligne la nécessité d’une réforme exhaustive, et formule toute une série de recommandations, entre autres le changement des attributions du FEADP pour qu’il ne se limite pas à la protection de la liberté de la presse mais pour qu’il reconnaisse le droit à la liberté d’expression comme un tout. Le document recommande en outre de rendre le FEADP juridiquement compétent, en partie en l’incorporant dans la structure légale formelle du bureau du Procureur général, plus efficace.
Le rapport constitue un suivi de la présentation d’ARTICLE 19 devant la Revue universelle périodique du Mexique, auquel a procédé le Conseil des Nations Unies sur les droits de l’homme la semaine dernière à Genève, lors de laquelle un certain nombre de délégations ont exprimé la nécessité pour le gouvernement de prendre des mesures plus concrètes « qui ont un certain effet sur le terrain ».
Parmi les recommandations, on note une législation qui fait des crimes contre la libre expression un délit fédéral (plutôt qu’un délit relevant de la compétence de l’État). Ce plan est défendu par le président Calderón et envisagé par le Congrès. Bien qu’on en ait beaucoup parlé, il reste encore à faire adopter une loi.
Pour lire la présentation d’ARTICLE 19, aller à : http://tinyurl.com/brusko
Consulter également les sites suivants :
– Sommaire de « Empty Words », d’ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/aehfg4
– CEPET : http://ifex.org/en/content/view/full/100874/
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30317
– Société interaméricaine de la presse : http://tinyurl.com/d2mbaz
– Comité pour la protection des journalistes : http://tinyurl.com/bk8ja8
– Page de l’IFEX sur le Mexique : http://tinyurl.com/bshhw3
(18 février 2009)