Un blogueur iranien jeté en prison le mois dernier pour avoir insulté les dirigeants religieux du pays et pour avoir fait de la propagande contre l’État est mort dans des circonstances douteuses, rapportent ARTICLE 19, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Omidreza Mirsayafi est mort le 18 mars […]
Un blogueur iranien jeté en prison le mois dernier pour avoir insulté les dirigeants religieux du pays et pour avoir fait de la propagande contre l’État est mort dans des circonstances douteuses, rapportent ARTICLE 19, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Omidreza Mirsayafi est mort le 18 mars dans la prison Evin de Téhéran, de sinistre réputation, à peine un mois après avoir été condamné à plus de deux ans de réclusion pour avoir affiché sur son blogue des commentaires sur des personnalités religieuses, y compris sur le chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei et feu l’ayatollah Ruhollah Khomeini, dirigeant de la révolution de 1979.
Les autorités carcérales affirment que Mirsayafi, qui souffrait de dépression, se serait suicidé d’une surdose de sédatifs. Sa famille remet toutefois en question leurs affirmations et maintient qu’il n’aurait pas eu assez de médicament en sa possession pour se tuer.
D’après RSF, Hessam Firoozi, un médecin emprisonné qui a traité quelques-uns des militants politiques les mieux connus d’Iran et qui a assisté aux traitements apportés à Mirsayafi, a déclaré à l’avocat de Mirsafayi que son décès pouvait être attribué entièrement à la négligence des autorités carcérales à lui apporter des soins médicaux.
Mirsayafi était en attente d’un autre procès pour répondre à des accusations d’insulte aux « valeurs sacrées de l’Islam ». Les délits auraient été commis sur son blogue, « Rooznegaar », qui n’existe plus, qui portait principalement sur la musique et la culture perses, dit RSF.
Mirsayafi avait constamment nié les accusations portées contre lui. Il disait que ses blogues n’étaient pas de nature politique. Dans un récent courriel à RSF, il avait dit qu’il « n’aurait pas l’énergie de vivre en prison ».
« Nous tenons les autorités iraniennes entièrement responsables de la mort d’Omidreza Mirsayafi. Celui-ci a été arrêté injustement et on a négligé de lui apporter les soins médicaux que sont état exigeait », dit RSF.
Selon la Campagne internationale en faveur des droits de la personne en Iran (International Campaign for Human Rights in Iran), Amir Hossein Heshmatsaran, fondateur d’un groupe iranien d’opposition appelé Front d’Unité nationale, est mort lui aussi ce mois-ci, le 6 mars, tandis qu’il purgeait une peine de huit ans de prison. La famille de Heshmatsaran allègue qu’il est mort par suite de négligence, après avoir subi un accident vasculaire cérébral.
« Les dirigeants iraniens ont relégué l’administration du système pénitentiaire à un groupe d’officiels incompétents et cruels qui affichent leur mépris le plus total à l’égard de la vie humaine », dit Hadi Ghaemi, porte-parole de la campagne. « Si elles n’interviennent pas rapidement pour tenir responsables des officiels négligents, les autorités se trouvent à renforcer l’impunité et l’absence de reddition de comptes. »
L’Iran a déjà vu les projecteurs être braqués dans sa direction à cause du traitement réservé aux prisonniers politiques, surtout à la prison Evin. En 2003 Zahra Kazemi, une photojournaliste irano-canadienne, est morte après y avoir été détenue pendant trois semaines, rappelle le CPJ. Elle avait été arrêtée après avoir pris des photos à l’extérieur de la prison.
Par ailleurs, la journaliste pigiste irano-américaine Roxana Saberi est toujours détenue à Evin, et selon certains rapports récents elle pourrait y rester pendant des années. Elle est détenue depuis la fin janvier. Début mars, le CPJ a transmis une pétition à la Mission permanente de la République islamique d’Iran auprès des Nations Unies, à New York. La pétition, qui portait plus de 10 000 signatures, demandait l’intervention directe du président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad. La Fondation internationale des femmes oeuvrant dans les médias (International Women’s Media Foundation) a lancé une autre pétition en faveur de Saberi – signez-la à : http://tinyurl.com/d2rnun
Le blogueur irano-canadien Hossein Derakhshan est également détenu depuis novembre 2008, mais on ne sait rien de ses allées et venues. Au 1er décembre 2008, au moins cinq autres journalistes iraniens purgeaient des peines de prison dans diverses prisons d’Iran, indique le CPJ.
L’oeil attentif des blogueurs n’est pas un phénomène rare en Iran. D’après RSF, quelque 70 blogueurs, dont un grand nombre de femmes, sont visés par les autorités iraniennes depuis l’arrivée au pouvoir d’Ahmadinejad, en 2005.
Consulter les sites suivants :
– ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/cdqyfj
– CPJ : http://tinyurl.com/csryk2
– Pétition du CPJ en faveur de Saberi : http://tinyurl.com/ccnejz
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30621
– Campagne internationale : http://tinyurl.com/dbo5gh
(Photo : Annonce du service commémoratif d’Omidreza Mirsayafi)
(25 mars 2009)