Les autorités zimbabwéennes accusent le photographe pigiste Anderson Shadreck Manyere et l’ancienne journaliste Jestina Mukoko de complot terroriste en vue de renverser le président Robert Mugabe, selon ce que rapportent l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of Southern Africa, MISA) et d’autres groupes membres de l’IFEX. Ces deux personnes ont été enlevées en décembre; […]
Les autorités zimbabwéennes accusent le photographe pigiste Anderson Shadreck Manyere et l’ancienne journaliste Jestina Mukoko de complot terroriste en vue de renverser le président Robert Mugabe, selon ce que rapportent l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of Southern Africa, MISA) et d’autres groupes membres de l’IFEX. Ces deux personnes ont été enlevées en décembre; elles sont détenues actuellement dans des prisons à sécurité maximale – et passibles de la peine de mort.
Selon Reporters sans frontières (RSF), la police zimbabwéenne a traduit Mukoko, Manyere et au moins sept autres défenseurs des droits de la personne devant un tribunal le 24 décembre pour répondre à des accusations de trahison. Jusqu’au moment de sa comparution devant le tribunal, Manyere était porté disparu depuis le 13 décembre à Norton, juste à l’ouest de Harare. Quant à Mukoko, elle a été enlevée le 3 décembre à son domicile de Norton par un groupe d’hommes portant des vêtements civils.
Une ordonnance du tribunal a décrété que Manyere, Mukoko et les autres militants devaient avoir accès à des soins médicaux, arguant qu’à la suite de leur disparition forcée, ils avaient été torturés et qu’ils n’étaient pas prêts à entamer les procédures. On a également fait valoir que le gouvernement n’avait aucun doute raisonnable pour relier les accusés aux crimes allégués. Mais la police a défié l’ordonnance du tribunal.
Manyere, ainsi qu’au moins six autres militants de partis d’opposition, est inculpé de banditisme, de sabotage et de terrorisme, pour lesquels il est passible d’une peine variant de 20 ans de prison à la prison à vie. L’État l’accuse d’avoir participé en novembre dernier à des attentats à la bombe contre le quartier général du ministère des Enquêtes criminelles à Harare et à un attentat à la bombe raté dirigé contre un pont routier et une ligne de chemin de fer à l’ouest de Harare. Il est en détention préventive et devrait revenir en cour le 23 janvier.
« Renvoyer Manyere et les autres aux forces policières accusées de les torturer est scandaleux », dit le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). « Il est encore plus exaspérant de supposer que les forces policières accusées de torture vont enquêter convenablement sur elles-mêmes. Manyere a besoin de soins médicaux et doit être relâché immédiatement. »
Mukoko, ancienne communicatrice à la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC) et à la station privée « Voice of The People », dirige actuellement le Projet Paix au Zimbabwe (Zimbabwe Peace Project), une organisation de défense des droits de la personne qui suit de près la violence politique récente au Zimbabwe. Elle reste en détention préventive, dans l’attente de son procès.
La Fondation internationale des femmes oeuvrant dans les médias (International Women’s Media Foundation, IWMF) a mis sur pied une pétition au sujet de l’enlèvement de Mukoko et demande sa remise en liberté. Ajoutez ici votre signature à la pétition : http://www.iwmf.org/subcatdetail.aspx?sc=letter
Le MISA et RSF dénoncent également la décision du gouvernement de hausser les droits imposés à l’accréditation des médias étrangers, ce qui rend extrêmement coûteux les séjours au Zimbabwe des journalistes pigistes étrangers, en particulier des pigistes africains. Les organisations étrangères de médias devront maintenant payer plus de 10 000 $US pour pouvoir travailler dans le pays.
Consulter les sites suivants :
– MISA : http://www.misa.org
– CPJ : http://tinyurl.com/88vz34
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/9d3k2h
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29933
(14 janvier 2009)