Des journalistes étrangers et des militants des droits ont été détenus la semaine dernière et les bureaux du principal parti d’opposition du Zimbabwe ont été saccagés, présages sinistres que le président Robert Mugabe va se livrer à une répression post-électorale pour tenter de conjurer les menaces qui pèsent sur son règne de 28 ans, affirment […]
Des journalistes étrangers et des militants des droits ont été détenus la semaine dernière et les bureaux du principal parti d’opposition du Zimbabwe ont été saccagés, présages sinistres que le président Robert Mugabe va se livrer à une répression post-électorale pour tenter de conjurer les menaces qui pèsent sur son règne de 28 ans, affirment l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute for Southern Africa, MISA) et d’autres membres de l’IFEX.
Le 3 avril, des éléments lourdement armés de la police anti-émeute ont encerclé et pénétré à l’intérieur du York Lodge, un hôtel de Harare fréquenté par les correspondants étrangers, et ont procédé à l’arrestation de cinq personnes.
Le correspondant du « New York Times », Barry Bearak, lauréat d’un prix Pulitzer en 2002, et un journaliste pigiste du Royaume-Uni ont été arrêtés et accusés de pratiquer le journalisme sans accréditation, rapportent le MISA, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et d’autres membres de l’IFEX. Les trois autres, qui n’ont pas été identifiés, ont été relâchés par la suite. Bearak et le journaliste britannique ont été remis en liberté contre une caution de 300 millions de dollars du Zimbabwe (10 000 $ US) après avoir passé cinq jours en détention, dit le CPJ. Bearak devrait comparaître en cour le 10 avril.
L’Associated Press rapporte que Adrienne Arsenault, reporter du réseau canadien « CBC Newsworld », a déclaré s’être trouvée dans l’entrée des véhicules d’un autre hôtel plus tôt le 3 avril et qu’elle a été agrippée par la police anti-émeute. Elle a été emmenée à un poste de police de Harare, mais on l’a laissée repartir. L’hôtel l’avait prévenue que la police avait reçu l’ordre de surveiller les journalistes, a-t-elle déclaré.
Selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’arrestation de journalistes constitue une tentative pour saboter la couverture, par les médias, de la crise politique actuelle et d’un possible second tour.
Le même soir, la police est descendue dans les bureaux du parti du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), d’opposition, dans un autre hôtel de Harare. Le secrétaire général du MDC, Tendai Biti, a déclaré à l’Associated Press que « Mugabe a(vait) entrepris une campagne de répression. Il est tout à fait clair qu’il a déclenché une guerre. »
Les raids de la police sont survenus le lendemain du jour où les résultats officiels indiquaient que le parti de Mugabe avait perdu le contrôle de la Chambre basse du parlement, qui compte 210 députés.
« Nous craignons qu’il s’agisse du prélude à la répression gouvernementale de l’opposition politique et de la société civile, à la suite d’élections chaudement disputées », dit Human Rights Watch. « Le harcèlement de l’opposition et des journalistes par le gouvernement ne fait qu’enflammer le climat politique au Zimbabwe. »
La loi restrictive du Zimbabwe sur l’accréditation des journalistes, appelée Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée, sert à bloquer les reporters locaux et internationaux et à les empêcher de couvrir les élections. Deux techniciens sud-africains – et non des journalistes – ont même été arrêtés et accusés de pratiquer le journalisme sans accréditation, rapporte le MISA. Seule une poignée de journalistes étrangers a reçu l’accréditation, en dépit de 300 demandes, dit le CPJ, et en dépit du fait que la loi a été modifiée au début de l’année pour retirer certaines restrictions, dit MISA.
Dans les mois qui ont précédé les élections présidentielles, parlementaires, sénatoriales et des conseils locaux qui se sont déroulées le 29 mars, le gouvernement s’est abattu sur les journalistes locaux et nationaux, fermant les journaux et permettant aux membres du parti de Mugabe de harceler et d’agresser les journalistes en toute impunité.
La Commission électorale du Zimbabwe n’a pas encore dévoilé les résultats de l’élection présidentielle, en dépit de pressions internationales croissantes. Le MDC soutient déjà que son dirigeant, Morgan Tsvangirai, a remporté la présidence, mais se dit disposé à mener la lutte dans un second tour.
Consulter les sites suivants :
– MISA : http://tinyurl.com/4933jq
– CPJ : http://tinyurl.com/3w4s6n
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/3qrpuh
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?index=6023&Language=EN
– Institut international de la presse : http://tinyurl.com/3rnvqz
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=26464
– « Sans la liberté des médias, les élections ne sont ni libres ni justes », « Communiqué de l’IFEX », 8 avril 2008 : http://tinyurl.com/49ubrf
– AP via « Toronto Star » : http://www.thestar.com/article/410112
(Photo du président Robert Mugabe. Courtoisie de l’IRIN)
(11 avril 2008)