(RSF/IFEX) – RSF se félicite de la libération de Asiye Zeybek Güzel, journaliste de l’hebdomadaire « Atilim », emprisonnée depuis février 1997, mais dénonce le maintien en détention du journaliste Fikret Baskaya et la récente incarcération du journaliste Ahmet Aksoy pour diffusion de « propos séparatistes ». L’organisation a interpellé le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk, dans […]
(RSF/IFEX) – RSF se félicite de la libération de Asiye Zeybek Güzel, journaliste de l’hebdomadaire « Atilim », emprisonnée depuis février 1997, mais dénonce le maintien en détention du journaliste Fikret Baskaya et la récente incarcération du journaliste Ahmet Aksoy pour diffusion de « propos séparatistes ».
L’organisation a interpellé le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk, dans un courrier daté du 6 juin 2002. « Asiye Zeybek Güzel aura passé plus de cinq années en prison sans être jugée, elle aura été violée et torturée par des policiers en toute impunité. Reporters sans frontières appuiera ses démarches auprès de la Cour européenne des droits de l’homme », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous demandons la libération immédiate des journalistes Fikret Baskaya et Ahmet Aksoy », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, le président du tribunal de la Cour de sûreté n°2 d’Istanbul, Seref Akçay, a décidé, compte tenu de la durée excessive du procès, de libérer Zeybek Güzel, en attendant la prochaine audience, fixée au 7 août. La journaliste risque encore entre trois et douze ans et demi de prison. Accusée d’appartenance au Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP), Zeybek Güzel était incarcérée à la prison de Gebze depuis plus de cinq années, toujours en attente de jugement. Le 22 février 1997, elle avait été interpellée puis conduite à la section antiterroriste de la direction de sécurité d’Istanbul. Pendant les treize jours de sa garde à vue, elle avait été torturée et violée. La procédure judiciaire contre les policiers accusés du viol avait abouti à un non-lieu et son avocat, Ercan Kanar, a saisi la Cour européenne des droits de l’homme au sujet du viol et de la durée excessive du jugement. Le 27 mars, son avocat avait plaidé pour sa libération et dénoncé toutes les irrégularités du procès.
Le journaliste Baskaya, éditorialiste du quotidien prokurde « Özgür Bakis » et universitaire, est toujours emprisonné, depuis le 29 juin 2001, à la prison de Kalecik à Ankara. Le 26 janvier, la Cour de cassation avait confirmé une peine d’un an et quatre mois de prison prononcée par la cour de sûreté de l’État pour « propagande séparatiste ». Le 10 mai, la cour de sûreté de l’État n°2 d’Istanbul a rejeté la demande de libération du journaliste et l’arrêt de l’exécution de sa peine, malgré la récente réforme de l’article 8 de la loi antiterroriste en vertu duquel il est accusé. La prochaine audience est prévue pour le 7 juin.
Le 29 mai, le journaliste Aksoy, propriétaire du journal local « Olusum », publié à Gaziantep (sud-est du pays), a été incarcéré sur ordre du procureur de la République dans la prison de Nizip, à Gaziantep. Dans l’article intitulé « Deniz, Hüseyin, Yusuf », qui rendait hommage à trois figures de la génération 68, il aurait tenu des « propos séparatistes » et « offensé la personne spirituelle de l’État » en parlant d’État « fasciste ».
Quatre autres journalistes, Kemal Evcimen, Hasan Özgün, Nureddin Sirin et Mustafa Benli, sont actuellement derrière les barreaux pour leur responsabilité dans la diffusion d’informations et de publications considérées par les autorités comme des menaces pour l’ordre public ou l’unité de l’État, mais relevant pleinement de la liberté et du pluralisme de l’information selon les standards démocratiques.