Tandis que sâaccroît lâinquiétude devant les violations ininterrompues de la liberté dâexpression en Russie, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) attirent lâattention sur le décès cette semaine de deux journalistes et lâouverture de poursuites judiciaires contre le directeur dâun journal indépendant. Le 1er avril, les autorités ont découvert […]
Tandis que sâaccroît lâinquiétude devant les violations ininterrompues de la liberté dâexpression en Russie, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) attirent lâattention sur le décès cette semaine de deux journalistes et lâouverture de poursuites judiciaires contre le directeur dâun journal indépendant.
Le 1er avril, les autorités ont découvert le cadavre de Sergei Kalinovsky, rédacteur en chef du quotidien âMoskovsky Komsomoletsâ, à lâextérieur de la ville de Smolensk. Kalinovsky était porté disparu depuis le 14 décembre 2001, rappelle le CPJ. Il était reporter de la scène judiciaire et de la politique locales au âMoskovsky Komsomoletsâ; il travaillait aussi pour la station de télévision locale, âSCSâ. Selon ses collègues, Kalinovsky a été assassiné en raison de son travail. Les autorités locales ont ouvert une enquête criminelle et étudient plusieurs mobiles pour expliquer le meurtre.
RSF rapporte par ailleurs que Valery Batuyev, reporter à lâhebdomadaire âMoskovsky Novostiâ, a été assassiné le 31 mars à son domicile de Moscou. Un suspect a été arrêté et on ne croit pas que le meurtre soit relié à son travail de journaliste.
Le CPJ et RSF rapportent par ailleurs que Natalia Skryl, reporter à âNashe Vremiaâ, a été assassinée le mois dernier près de son domicile à Rostov-sur-le-Don, tandis quâun autre journaliste, Sergei Solovkine, a échappé de peu à une tentative de meurtre dans la ville de Sotchi. Le rédacteur en chef de âNashe Vremiaâ croit pour sa part que lâassassinat de Skryl est relié à ses enquêtes sur les activités économiques de plusieurs grandes sociétés dans la région.
Solovkine, qui travaille à la âNovaya Gazetaâ, qui paraît deux fois la semaine, enquête lui aussi sur la corruption dans la région de Krasnodar [voir le âCommuniquéâ 11-10 de lâIFEX]. En février dernier, sept journalistes et entreprises de presse ont fait lâobjet de menaces, tandis que quatre autres journalistes subissaient des agressions physiques, selon les dernières statistiques de la Fondation pour la défense de la glasnost (GDF). Cinq journalistes sont toujours portés disparus.
Par ailleurs, le CPJ et RSF se disent très inquiets devant une poursuite intentée contre Igor Zotov, rédacteur en chef adjoint de la âNezavisimaïa Gazetaâ. Zotov doit répondre à des accusations de diffamation contre trois juges de Moscou. Le CPJ dit que les accusations font suite à la publication dans le journal dâun article selon lequel les juges ont accepté des pots-de-vin des avocats dâun important homme dâaffaires qui subit un procès pour tentative de meurtre.
La âNezavisimaïa Gazetaâ appartient au magnat Boris Berezovsky, adversaire bien connu du président Vladimir Poutine. Sâil est reconnu coupable, Zotov est passible de quatre ans de prison. Le CPJ fait remarquer que le journaliste a été hospitalisé pour hypertension artérielle et que son état est grave.
Selon le président de la GDF, Alexei Simonov, les accusations des autorités contre Zotov constituent un avertissement lancé aux journalistes de âréfléchir très soigneusementâ avant dâécrire ou de dire quoi que ce soit. Le mois dernier, un tribunal de Moscou a ordonné à la âNovaya Gazetaâ de verser 30 millions de roubles (environ 962 000 $ US) en réparations pour diffamation à un haut responsable du gouvernement après quâun éditorial lâeut critiqué pour son train de vie somptueux, dit le CPJ.
Pour de plus amples renseignements, voir à www.cpj.org, www.rsf.org et www.gdf.ru.