Une annonce parue dans le journal en langue anglaise « Myanmar Times », qui portait un message caché qualifiant de « tueur » le chef de la junte militaire du pays, a déclenché un grand nombre de nouvelles règles pour les médias, rapportent Mizzima News et des reportages locaux. Insérée le 23 juillet par le […]
Une annonce parue dans le journal en langue anglaise « Myanmar Times », qui portait un message caché qualifiant de « tueur » le chef de la junte militaire du pays, a déclenché un grand nombre de nouvelles règles pour les médias, rapportent Mizzima News et des reportages locaux.
Insérée le 23 juillet par le groupe d’art satirique « Surrend », lui-même basé au Danemark, l’annonce ressemblait à un appel innocent aux touristes scandinaves à se rendre en Birmanie. Mais la référence au bas de l’annonce se lisait comme suit : « The Board of Islandic Travel Agencies Ewhsnahtrellik and the Danish Industry Besoeg Danmark. » Lu à l’envers, « Ewhsnahtrellik » devient « Killer Than Shwe », du nom du chef de la junte militaire, le général Than Shwe. La fausse annonce contenait en outre un poème dont l’acrostiche donnait « liberté ».
En réaction à l’annonce, le Bureau de la censure de Birmanie a émis 28 règles aux médias d’informations. Seules les annonces en birman et en anglais sont permises. Les directeurs et rédacteurs en chef seront dorénavant responsables de l’authenticité et de l’identité des agences qui veulent publier des annonces. Les annonces publicitaires qui « attentent à la dignité et à l’honneur d’une personne, qui nuisent à l’unité nationale ou qui suscitent la mésentente entre les nationalités » sont interdites. D’après Mizzima News, les contrevenants seront dépouillés de leur carte de presse.
Après la découverte du message caché, la police spéciale a interrogé au moins 10 employés du « Myanmar Times », dont le gouvernement est partiellement propriétaire, a indiqué Reporters sans frontières (RSF).
L’organisation de médias Voix démocratique de la Birmanie (Democratic Voice of Burma) affirme que les magasins de Rangoon ont été forcés de retirer le numéro des étalages tandis que d’autres ont maintenant trop peur pour l’afficher. Deux employés de la Division de l’enregistrement et de la surveillance de la presse auraient été congédiés en rapport avec cet incident.
Selon l’Associated Press (AP), le groupe Surrend aurait déjà fait paraître des annonces du même genre, avec un message caché, dont une en décembre dernier dans le « Tehran Times », contrôlé par le gouvernement, où le mot « porc » paraissait sous la photo du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Pour faire publier l’annonce en Birmanie, le groupe Surrend s’est présenté comme une société de publicité.
Surrend explique qu’il voulait montrer que même les pires régimes ne sont pas impénétrables, « qu’avec l’art, vous pouvez trouver des trous, voler sous le radar de la censure et frapper les despotes ».
Consulter les sites suivants :
– Mizzima News : http://tinyurl.com/2okpq5
– Reporters sans frontières : http://tinyurl.com/36gqtm
– Surrend : http://www.surrend.org
– AP : http://tinyurl.com/2jwjm8
– Democratic Voice of Burma : http://english.dvb.no/news.php?id=279
(7 août 2007)