L’imprimerie de trois journaux d’opposition, située en banlieue de Colombo, au Sri Lanka, a été incendiée la semaine dernière, selon ce que rapportent le Free Media Movement (FMM) et des groupes internationaux de défense de la liberté de la presse. Dans la matinée du 21 novembre, quinze hommes masqués ont ordonné aux employés de s’agenouiller […]
L’imprimerie de trois journaux d’opposition, située en banlieue de Colombo, au Sri Lanka, a été incendiée la semaine dernière, selon ce que rapportent le Free Media Movement (FMM) et des groupes internationaux de défense de la liberté de la presse.
Dans la matinée du 21 novembre, quinze hommes masqués ont ordonné aux employés de s’agenouiller et de remettre leurs téléphones cellulaires avant de mettre le feu au moment où l’un des trois journaux allait être imprimé, dit le FMM.
L’imprimerie de Leader Publications, qui publie les journaux en langue anglaise « Morning Leader » et « Sunday Leader », ainsi que l’hebdomadaire en langue singhalaise « Irudina », a été complètement détruite. D’après l’Institut international de la presse (IIP), les dommages sont estimés à 2 millions $ US et rendront l’imprimerie hors d’usage pendant plusieurs mois. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), les journaux tentent de trouver une imprimerie privée pour continuer à paraître.
L’imprimerie est située dans une zone de sécurité du gouvernement, ce qui illustre que « les ennemis de la liberté de la presse ont des complices au sein des forces de sécurité », dit Reporters sans frontières (RSF).
Les journaux du groupe Leader sont connus pour leurs vues critiques à l’égard des autorités sri lankaises. D’après le CPJ, le rédacteur en chef du « Sunday Leader », Lasantha Wickrematunga, a déclaré aux journalistes qu’il croyait que le gouvernement était à l’origine de cet attentat.
L’imprimerie avait été incendiée une première fois en octobre 2005, pendant le dernier droit précédant l’élection présidentielle, mais les employés avaient empêché l’incendie de provoquer d’importants dégâts. Depuis, les rédacteurs des journaux subissent harcèlement et menaces, dit le FMM.
Le FMM tient le gouvernement responsable d’avoir négligé de protéger l’imprimerie. « La culture d’impunité qui règne dans le pays empêche toute enquête significative sur les actes de violence survenus contre les médias et les journalistes sous l’actuel gouvernement », dit le FMM.
Par ailleurs, le FMM et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) croient que davantage de travailleurs des médias ont été enlevés à Jaffna, dans l’extrême nord du Sri Lanka, zone que contrôle l’armée. Anthonypillai Sherin Sithranjan, livreur de journaux pour le compte du quotidien tamoul « Yal Thinakkural », est porté disparu depuis le 5 novembre. Vadivel Nimalarajah, correcteur d’épreuves au quotidien tamoul « Uthayan », est pour sa part porté disparu depuis le 17 novembre.
Selon la FIJ, les employés de « Uthayan » sont continuellement visés – le personnel, qui comptait à l’origine 20 employés, n’en compte plus que quatre qui travaillent encore au journal. Souvent, les travailleurs des médias de cette région isolée sont pris entre les tirs croisés des forces gouvernementales, des paramilitaires et des Tigres tamouls.
L’IIP a voté à l’unanimité, le 17 novembre, le retour du Sri Lanka sur sa liste de surveillance, une liste des pays où la liberté de la presse se détériore rapidement.
Consulter les sites suivants :
– FMM : http://tinyurl.com/2pxnxj
– CPJ : http://tinyurl.com/3bmu3x
– FIJ : http://tinyurl.com/35gluq
– FIJ, à propos de Jaffna : http://tinyurl.com/2j4qb7
– IIP : http://tinyurl.com/2kcgtm
– Liste de surveillance de l’IIP : http://tinyurl.com/2aqnua
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=24475
– RSF, à propos de Nimalarajah : http://tinyurl.com/2ub62z
– Rapport de la Mission internationale de défense de la liberté de presse, à propos de sa mission de juin 2007 : http://tinyurl.com/3x7r7p
– Numéro du 21 novembre du « Morning Leader » en ligne : http://www.themorningleader.lk/20071121/news.html
(27 novembre 2007)