En Sierra Leone, où les journalistes peuvent être jetés en prison pour avoir déblatéré contre un fonctionnaire, la Loi sur l’ordre public est devenue un outil commode pour faire taire la critique. Parlez-en à Paul Kamara, Sydney Pratt et Dennis Jones. Ces trois journalistes ont été incarcérés sur des accusations de « diffamation séditieuse » […]
En Sierra Leone, où les journalistes peuvent être jetés en prison pour avoir déblatéré contre un fonctionnaire, la Loi sur l’ordre public est devenue un outil commode pour faire taire la critique. Parlez-en à Paul Kamara, Sydney Pratt et Dennis Jones. Ces trois journalistes ont été incarcérés sur des accusations de « diffamation séditieuse » après avoir fait paraître des articles sur des allégations de corruption gouvernementale.
Leur incarcération a suscité l’indignation chez l’Institut international de la presse (IIP), au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et chez Reporters sans frontières (RSF), qui on pressé les autorités de libérer immédiatement les journalistes et d’abandonner les accusations criminelles portées contre eux. Les groupes membres de l’IFEX soulignent que les délits de presse devraient être dépénalisés et traités en regard du droit civil.
Pratt et Jones, qui travaillent à l’hebdomadaire « Trumpet », ont été arrêtés le 24 mai 2005 à Freetown après avoir fait paraître un article intitulé « Kabbah Mad over Carew Bribe Scandal » [Kabbah rendu furieux par le scandale de corruption concernant Carew]. L’article citait une source non identifiée qui prétendait que le président Ahmad Tejan Kabbah était devenu furieux à la suite d’allégations antérieures selon lesquelles deux ministres de premier plan avaient accepté des pots-de-vin.
Rédacteur en chef et éditeur du journal « For Di People », Kamara purge quant à lui deux peines concurrentes de deux ans de prison pour des articles critiques du président. Il a été condamné en octobre 2004. Les accusations découlent d’articles que Kamara a publiés en octobre 2003 et qui donnaient des précisions sur une commission d’enquête de 1967 qui établissait un lien rattachant Kabbah à des allégations de fraude.
La Commission Vérité et Réconciliation de la Sierra Leone, mise sur pied par les Nations Unies pour documenter les violations des droits de la personne, a invité le gouvernement à abroger les lois qui criminalisent la diffamation séditieuse et le libelle diffamatoire, et a recommandé de décréter un moratoire sur les poursuites intentées en vertu de ces lois. Aux termes du document constitutif de la Commission, le gouvernement est tenu de mettre en ?uvre les recommandations de la Commission, fidèlement et en temps opportun.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13936
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Sierra25may05na.html
– IIP : http://www.freemedia.at/resolutions2005.htm#gambia
– Dossier documentaire du PEN Canada sur Paul Kamara : http://www.pencanada.ca/prison/hm.php?writerID=70
– Interview avec Paul Kamara : http://www.worldpress.org/Africa/1025.cfm
Dossiers de groupes membres de l’IFEX sur la Sierra Leone :
– Reporters sans frontières : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13337
– Human Rights Watch : http://hrw.org/doc?t=french_africa&c=sierra
– CPJ : http://www.cpj.org/attacks04/africa04/sierra.html
– IIP : http://www.freemedia.at/wpfr/Africa/sierrale.htm
– Freedom House :
http://www.freedomhouse.org/research/freeworld/2004/countryratings/sierra-leone.htm