Tandis que la Russie s’apprêtait à accueillir, du 15 au 17 juillet, le sommet des principales démocraties industrialisées du G-8, la Chambre haute du Parlement approuvait un projet de loi élargissant la définition de l’« extrémisme » afin d’inclure la critique des officiels de l’État par les médias, rapporte le Comité pour la protection des […]
Tandis que la Russie s’apprêtait à accueillir, du 15 au 17 juillet, le sommet des principales démocraties industrialisées du G-8, la Chambre haute du Parlement approuvait un projet de loi élargissant la définition de l’« extrémisme » afin d’inclure la critique des officiels de l’État par les médias, rapporte le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). L’Association mondiale des journaux (AMJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), ARTICLE 19, et l’Institut international de la presse (IIP) ont également fait part de leur préoccupation quant aux répercussions du projet de loi sur la liberté d’expression.
Ce projet de loi prévoit des peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour les journalistes et la suspension ou la fermeture de leurs publications, fait remarquer le CPJ. D’après l’Associated Press, les modifications à la Loi de 2002 sur la lutte contre les activités extrémistes élargissent la définition du concept d’activité extrémiste, de façon à inclure « la calomnie publique dirigée vers des personnages qui s’acquittent des tâches de l’État de la Fédération russe », ainsi que « l’ingérence dans les tâches juridiques des autorités en charge des organes de l’État ».
ARTICLE 19 et le CPJ s’inquiètent de la teneur de ce projet de loi, dont le libellé est vague et exagérément large, ce qui pourrait permettre aux fonctionnaires de cibler les reporters critiques et d’intimider encore plus ce qui reste de couverture par les médias indépendants. La mesure, qui a reçu l’assentiment de la Chambre haute du parlement le 14 juillet et de la Chambre basse le 8 juillet, doit être ratifiée par le président Vladimir Poutine.
Le gouvernement russe maintient que la nouvelle loi vise à combattre l’ultra-nationalisme, indiquent la FIJ et ARTICLE 19. Mais les organisations soulignent qu’il y a déjà des lois en vigueur qui interdisent l’incitation à l’activité extrémiste violente et la haine fondée sur l’origine ethnique, la religion ou l’appartenance à un groupe.
Par ailleurs, le sommet du G-8 à Saint-Pétersbourg a été entaché par l’arrestation d’un certain nombre de journalistes et par le harcèlement des militants de la société civile. Le 9 juillet, deux étudiants allemands en journalisme de Radio Hertz 87.9, Eike Korfhage et Henning Wallerius, se sont vu infliger une peine de dix jours de prison pour avoir « uriné en public » après que la police les eut d’abord accusés d’avoir participé à un rassemblement contre le sommet du G-8, selon ce que rapportent le CPJ, l’IIP et Reporters sans frontières (RSF). Les deux journalistes ont été relâchés le 15 juillet et déportés. Le CPJ constate que le lendemain un reporter de la télévision ukrainienne, Maksym Butkevych, était arrêté pendant qu’il filmait la police en train d’interrompre un rassemblement. Il a été condamné à trois jours de prison pour avoir « résisté à la police ».
Le 11 juillet, la police a confisqué l’appareil photo de Boris Reitschuster, correspondant du magazine allemand « Focus », et en a effacé les photographies des arrestations des délégués à une conférence de partis d’opposition et de groupes de la société civile, rapporte le CPJ. Human Rights Watch a documenté un grand nombre d’autres cas d’ingérence des autorités à la conférence intitulée « L’Autre Russie », notamment diverses formes de harcèlement visant à empêcher les participants de se rendre à la conférence. Les tactiques qui auraient été utilisées comprendraient notamment la convocation des participants aux commissariats de police, la découverte inopinée de drogues sur leur personne, la menace de détention et les passages à tabac par des inconnus.
Parmi les autres sujets de préoccupation des journalistes russes, on compte diverses dispositions du Code pénal qui servent contre eux. En juin, le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (CJES) a lancé une pétition en ligne afin de faire retirer ces dispositions « antidémocratiques ». Pour signer la déclaration, aller à : http://www.cjes.ru/actions/action.php?p_id=2&l=en
Consulter les sites suivants :
– ARTICLE 19 : http://www.article19.org/pdfs/press/russia-extremism-law.pdf
– AMJ : http://www.wan-press.org/article11428.html
– IIP : http://www.freemedia.at/cms/ipi/statements_detail.html?ctxid=CH0055&docid=CMS1153130501500
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=4050&Language=EN
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/europe/russia14july06na.html
– Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2006/07/13/russia13731.htm
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=17949