(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Communication, Enis Öksuz, RSF a protesté contre la « suspension pour six mois de la station Özgür Radyo par le RTÜK » (autorité chargée de la régulation des médias audiovisuels). RSF a demandé au ministre de « tout mettre en oeuvre pour que cette instance ne s’en prenne […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Communication, Enis Öksuz, RSF a protesté contre la « suspension pour six mois de la station Özgür Radyo par le RTÜK » (autorité chargée de la régulation des médias audiovisuels). RSF a demandé au ministre de « tout mettre en oeuvre pour que cette instance ne s’en prenne plus, de façon arbitraire, aux médias audiovisuels ». L’organisation a rappelé que cette station de radio a déjà été suspendue, en juillet et en août 2000, pour un an, ce qui porte à deux ans et demi l’interdiction d’Özgür Radyo. Depuis le début de l’année, le RTÜK a déjà suspendu plus d’une vingtaine de stations de radio et chaînes de télévision pour un total de 4215 jours.
Selon les informations recueillies par RSF, le RTÜK a ordonné, le 7 décembre, la suspension pour six mois de la radio d’Istanbul, Özgür Radyo. On reproche à la station d’avoir diffusé un programme « diffamatoire » et qui « dépasse les limites de la critique pour humilier ». Lors d’une émission, diffusée le 24 juillet, Özgür Radyo avait déclaré que Rauf Denktash, président de la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue seulement par la Turquie) aurait « un très important portefeuille immobilier dans le nord de l’île » et recevrait de l’argent de la part des « gangs liés à la prostitution ».
Les 5 juillet et 23 août, le RTÜK avait déjà ordonné la suspension pour un an, à chaque fois, de cette radio. En juillet, on reprochait à la station d’avoir diffusé un vers du poète turc, Ataol Behramoglu, lors d’une émission. La radio avait été accusée d' »incitation à la violence et aux sentiments de haine dans la société », en vertu de l’article 4 de la loi 3984. Le poète Behramoglu avait, lui-même, contesté cette décision en déclarant que « ce vers écrit il y a trente ans paraît dans toutes les nouvelles éditions de mes livres ». En août, la station avait été suspendue pour avoir diffusé, le 9 juillet, une chanson du groupe d’extrême gauche Kizilrmak. La chanson rendait hommage aux jeunes leaders des mouvements de gauche des années 1970, tués lors d’une opération de gendarmerie. Özgür Radyo, qui a dû arrêter ses émissions depuis le 31 juillet, a fait appel auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.