Une bataille judiciaire qui pourrait avoir d’importantes implications pour la libre expression en Argentine concerne un journaliste qui fait face à des accusations de diffamation civile pour avoir accusé d’anciens officiers des forces armées et de la police de torture et de meurtre pendant la « sale guerre ». Ce journaliste reçoit un appui international […]
Une bataille judiciaire qui pourrait avoir d’importantes implications pour la libre expression en Argentine concerne un journaliste qui fait face à des accusations de diffamation civile pour avoir accusé d’anciens officiers des forces armées et de la police de torture et de meurtre pendant la « sale guerre ». Ce journaliste reçoit un appui international grâce au Comité mondial pour la liberté de la presse (WPFC) et à huit autres organisations de défense de la liberté de la presse.
Au nom du Comité de coordination des organisations de défense de la liberté de la presse (Coordinating Committee of Press Freedom Organizations, CCPFO), le WPFC accorde une subvention de 20 400 $ US du Fonds de lutte contre la censure à Mariano Saravia, reporter au journal « La Voz del Interior » de la province de Córdoba et auteur du livre « La sombra azul » (« L’Ombre Bleue »).
Dans cet ouvrage, Saravia nomme d’anciens officiers qu’il allègue avoir participé à l’assassinat, à la torture et à la disparition de personnes opposées à l’ancienne dictature militaire des années 1970 et 1980.
Saravia est poursuivi en diffamation par un officier militaire à la retraite et par un ancien policier. Si Saravia remporte sa cause, le WPFC dit que son procès pourrait devenir un moment historique pour la liberté de la presse en Argentine et dans la région, où de nombreux pays sont aux prises avec des affaires de violations non résolues des droits de la personne commises par les gouvernements au cours des dernières décennies.
Saravia est poursuivi aux termes de l’article 1089 du Code civil. Il s’agit d’une disposition qui aurait dû être abrogée dans le cadre d’une entente intervenue entre le gouvernement argentin et la Commission interaméricaine des droits de l’homme en 1999 pour réformer les lois de l’Argentine relatives à la diffamation, indique le WPFC. Aucune mesure n’avait encore été prise pour réformer ces lois.
Saravia a reçu de nombreuses menaces depuis la sortie de son livre en mars 2005. En juillet 2005, il trouvait une douzaine de balles de calibre .45 soigneusement alignées devant son domicile. Un mois plus tard, une swastika était peinte sur le mur de sa maison.
En octobre, Saravia a trouvé un oiseau mort pendu au plafond de son garage. En novembre, il était victime d’un cambriolage et son chien a disparu. Il a aussi reçu chez lui des appels téléphoniques anonymes de menaces.
L’argent du Fonds de lutte contre la censure sera administré par le Foro de Periodismo Argentino (Forum des journalistes argentins, FOPEA), qui vient aussi en aide à d’autres journalistes qui subissent le même type de harcèlement judiciaire.
Le Fonds de lutte contre la censure aide à couvrir les frais judiciaires des journalistes qui sont la cible de harcèlement judiciaire et d’autres formes d’intimidation.
Les subventions sont accordées par le WPFC au nom du CCPFO, qui comprend notamment cinq groupes membres de l’IFEX : le WPFC, le Comité pour la protection des journalistes, l’Institut international de la presse, la Société interaméricaine de la presse et l’Association mondiale des journaux
Les autres membres comprennent l’Union de la presse du Commonwealth, la North American Broadcasters Association, la Fédération internationale de la presse périodique et l’Association internationale de radiodiffusion.
Consulter les sites suivants :
– Alerte de l’IFEX sur Saravia : http://ifex.org/en/content/view/full/78661/
– WPFC : http://www.wpfc.org
– CPJ : http://www.cpj.org/protests/06ltrs/americas/argentina03feb06pl.html
– FOPEA : http://www.fopea.org/
– CCPFO : http://www.wpfc.org/CoordinatingCommittee.html