De nombreux membres de l’IFEX ont accueilli favorablement la décision du président de l’Italie, Carlo Ciampi, de mettre son veto à une proposition de projet de loi qui aurait donné au premier ministre et magnat des médias Silvio Berlusconi une emprise encore plus grande sur le marché des médias du pays. En effet, Ciampi a […]
De nombreux membres de l’IFEX ont accueilli favorablement la décision du président de l’Italie, Carlo Ciampi, de mettre son veto à une proposition de projet de loi qui aurait donné au premier ministre et magnat des médias Silvio Berlusconi une emprise encore plus grande sur le marché des médias du pays.
En effet, Ciampi a refusé le 15 décembre de signer la Loi Gasparri sur la télédiffusion, affirmant qu’elle permettrait la « création de positions dominantes » et que certaines parties de la loi portant sur le pluralisme des médias « ne semblaient pas conformes à la jurisprudence de la Cour constitutionnelle », indique Reporters sans frontières (RSF).
Le veto de Ciampi au projet de loi signifie que celu-ci sera de nouveau référé au parlement pour être débattu. En vertu de la loi italienne, cependant, le parlement peut voter de nouveau sur le projet de loi sans y apporter de changement, après quoi, le président serait obligé de le ratifier s’il est adopté une deuxième fois par les deux chambres.
RSF, ARTICLE 19, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’Institut international de la presse (IIP) ont fait parvenir des lettres à Ciampi la semaine dernière pour lui exprimer leur profonde inquiétude à propos de cette loi et le prier de la rejeter.
Selon ARTICLE 19, le projet de loi sape gravement le pluralisme des médias en Italie et semble conçu pour profiter directement aux intérêts commerciaux de Berlusconi. La loi permettrait à Berlusconi de continuer à posséder plus de deux réseaux nationaux de radiodiffusion, en violation de la Constitution italienne, et assouplirait les limites imposées à la propriété des recettes publicitaires. La société de Berlusconi, Mediaset, contrôle déjà 63 pour cent des recettes publicitaires du pays.
Le projet de loi prévoit l’élimination en 2009 des restrictions à la propriété croisée des médias d’informations, permettant ainsi à la société Mediaset de Berlusconi de prendre de l’expansion sur le marché des journaux, fait remarquer RSF. À l’heure actuelle, Mediaset possède Italia 1, Canale 5 et Retequattro.
Le geste de Ciampi contre le projet de loi signifie que Berlusconi devra transformer Retequattro en réseau satellite en raison d’une décision de la Cour constitutionnelle rendue l’an dernier. Mediaset subirait une perte de revenus publicitaires.
La Fédération européenne des journalistes (FEJ), affiliée à la FIJ, dit que les politiciens de tous les côtés sont responsables de la crise des médias italiens, et souligne que les gouvernements des vingt dernières années ont négligé d’entreprendre des réformes. Ces réformes auraient assuré « aux médias indépendants un cadre qui protège les valeurs du journalisme indépendant et de l’accès à l’information comme pierre angulaire de la démocratie », déclare le groupe dans son rapport publié cette semaine.
Intitulé « Crisis in Italian Media: How Poor Politics and Flawed Legislation Put Journalism Under Pressure », [Crise dans les médias italiens : Comment une piètre attitude politique et des lois déficientes rendent le journalisme vulnérable aux pressions], le rapport est accessible à : http://www.ifj.org/pdfs/Italy%20Mission%20Final.pdf
Consulter les sites suivants :
– FIJ :
http://www.ifj-europe.org/default.asp?Issue=EFJ&Language=FR
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=8670
– IIP :
http://www.freemedia.at/Protests%202003/Italy10.12.03.htm