(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un rapport de RSF : VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE Juillet 2000 Trois journalistes poursuivis Le 11 juillet, Servet Ünsal, propriétaire de la radio régionale Ekin Radyo et Askin Palali, directrice de l’information de la station, sont entendues par le tribunal d’Ankara. Elles sont accusées d’avoir « insulté par […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un rapport de RSF :
VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE
Juillet 2000
Trois journalistes poursuivis
Le 11 juillet, Servet Ünsal, propriétaire de la radio régionale Ekin Radyo et Askin Palali, directrice de l’information de la station, sont entendues par le tribunal d’Ankara. Elles sont accusées d’avoir « insulté par voie de presse » le ministre de la Justice, en suggérant sur un ton ironique qu’il « souffrait de la prostate ».
Le 21 juillet, Ahmet Coban, rédacteur en chef du journal Açik Sayfa et avocat, comparaît devant une cour d’assises d’Istanbul. Accusé « d’insulte et moquerie envers un tribunal », il risque une peine de un à six ans de prison. Son journal avait publié, en février 2000, dans le cadre d’une enquête sur la « corruption du pouvoir judiciaire », réalisée avec la contribution du barreau d’Istanbul, un article ironique intitulé « Il n’y a pas de corruption dans la justice ». Selon cette enquête, une large majorité des tribunaux serait touchée par la corruption. Le juge envisage d’inculper l’auteur de l’article, Adnin Ekinci. La prochaine audience est fixée au 13 septembre 2000.
Huit journalistes interpellés
Le 8 juillet, Yasemin Varlik, reporter du quotidien Sabah, est interpellée dans le quartier d’Okmeydani à Istanbul alors qu’elle couvre les funérailles d’un ancien prisonnier politique. La journaliste est libérée quelques heures plus tard.
Le 19 juillet, Kemal Önder, reporter du quotidien Star, Murat Akan, reporter de l’agence de presse Cihan et Mühacit Akagündüz, cameraman de la même agence, sont interpellés par la police devant le palais de justice de Bakirköy (Istanbul), alors qu’il couvrent l’arrivée de deux prévenus accusés de viol. Conduits au commissariat, ils sont libérés peu après.
Le 29 juillet, Esen Isil, Durul Gür, Celal Cimen et Özgür Gülbir, reporters pour la maison de production Case production, sont interpellés par la police avec vingt-deux autres personnes à l’intérieur du Centre culturel de la Mésopotamie, à Istanbul. Les quatre journalistes réalisent un reportage sur la ville d’Istanbul pour la chaîne de télévision franco-allemande Arte. Conduits à la Direction de la sécurité d’Istanbul en fin de matinée, les journalistes sont retenus jusqu’à dix-neuf heures. Aucune explication n’a été fournie par les autorités.
Cinq médias suspendus
Le 5 juillet, le conseil de l’audiovisuel (RTÜK) ordonne la suspension pour un an, à compter du 31 juillet 2000, de Özgür Radyo, une radio d’Istanbul. Il reproche à la station d’avoir cité un vers du poète turc, Ataol Behramoglu, lors d’une émission diffusée le 1er mai : « Les hommes mourant se multiplient / Je m’épuise en les tuant / On se prépare au combat sanglant / Notre drapeau du socialisme en avant / Hausse le drapeau / Encore plus haut ». La radio est accusée « d’incitation à la violence et à la haine » en vertu de l’article 4 de la loi 3984. Le poète Ataol Behramoglu a contesté cette décision en expliquant que « ce vers, écrit il y a trente ans, paraît dans toutes les nouvelles éditions de mes livres ».
Le 12 juillet, Kral TV, Show TV et InterStar, trois chaînes de télévision nationales, sont suspendues pour un jour sur décision du RTÜK. Les trois chaînes sont accusées d’avoir « porté atteinte à la morale générale, à la tranquillité de la société et aux valeurs de la famille », pour avoir diffusé et épilogué sur une chanson grivoise.
Le 27 juillet, InterStar est suspendue pour un jour par le RTÜK, pour des émissions des 22 et 23 avril 2000, dans lesquelles un mannequin se déshabillait.
Le 27 juillet, la radio d’Izmir Demokrat Radyo est supendue pour un an, à compter du 28 mars 2001, sur décision du RTÜK. La station est accusée « d’incitation à la violence, à la terreur, à la discrimination ethnique et à la haine », pour avoir diffusé une chanson du groupe d’extrême gauche Yorum, le 8 mars 2000.
Depuis le 1er janvier 2000, le RTÜK a infligé 3 288 jours de suspension à l’encontre de 22 radios et de 26 chaînes de télévision. Pour le mois de juillet, il a ordonné 924 jours de suspension.
Un média saisi
Le 22 juillet, un numéro de l’hebdomadaire prokurde Roja Teze est saisi sur ordre du procureur de la République de la Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul, pour « propagande d’une organisation terroriste » et « propagande séparatiste ». Le 21 juillet 2000, le journal avait publié trois articles qui évoquaient la question kurde.
Par ailleurs, Reporters sans frontières continue de demander la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Yalçin Küçük, de l’hebdomadaire de gauche Hepileri, arrêté le 29 octobre 1998, et Hasan Özgün, du quotidien d’extrême gauche Özgür Gündem, arrêté le 9 décembre 1993.
L’organisation réclame un procès juste et équitable pour les journalistes Asiye Zeybek Güzel, des hebdomadaires d’extrême gauche Isçinin Yolu et Atilim, arrêtée le 22 février 1997, et Nureddin Sirin, de l’hebdomadaire islamiste Selam, arrêté le 6 février 1997.