(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de RSF: Communiqué de presse n°3 VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE Période du 16 avril au 18 mai 1999 Mandat d’arrêt lancé contre le journaliste Haluk Gerger La Cour de cassation a confirmé la peine d’un an, un mois et dix jours de prison à l’encontre […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de RSF:
Communiqué de presse n°3
VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE
Période du 16 avril au 18 mai 1999
Mandat d’arrêt lancé contre le journaliste Haluk Gerger
La Cour de cassation a confirmé la peine d’un an, un mois et dix jours de
prison à l’encontre de Haluk Gerger, éditorialiste du quotidien prokurde
Ozgür Bakis. Le journaliste avait été condamné le 11 mars 1997 par la cour
de sûreté d’Etat pour « propagande séparatiste » à la suite de la publication
dans le quotidien prokurde Özgür Gündem, en décembre 1993, d’un article
intitulé « Qui est le vrai perdant de la guerre? ». Haluk Gerger se trouve
actuellement en Allemagne.
Le journaliste Oral Çalislar condamné à treize mois de prison pour avoir
interviewé Abdullah Öcalan.
Le 18 mai, Oral Çalislar, éditorialiste du quotidien kémaliste Cumhuriyet,
est condamné par la cour de sûreté d’Etat d’Istanbul à treize mois de prison
pour « propagande séparatiste » (article 8 de la loi antiterroriste) et à 111
111 111 livres turques (1 850 francs). En octobre 1993, le journaliste avait
édité un recueil regroupant des interviews d’Abdullah Öcalan, chef du PKK,
et Kemal Burkay, président du Parti socialiste du Kurdistan, publiées dans
Cumhuriyet entre mai et juillet 1993. Oral Çalislar a fait appel et reste en
liberté. Le tribunal a levé l’accusation contre l’éditeur du livre, Muzaffer
Erdogdu.
Trois journalistes interpellés
Le 21 avril, Elif Bulut, du quotidien d’extrême gauche Yeni Evrensel, Ali
Kalay, du quotidien prokurde Özgür Bakis, et Manolya Gültekin, de
l’hebdomadaire d’extrême gauche Alinterimiz, sont interpellés alors qu’ils
couvrent un rassemblement dénonçant les conditions de détention dans la
prison d’Ümraniye (Istanbul). Un des responsables de la police aurait
répliqué à Ali Kalay qui l’apostrophait : « Ici c’est la montagne. Les lois
sont sans effets ». Les journalistes sont libérés le lendemain. Une plainte,
qui sera examinée par la justice le 28 mai prochain, a été déposée contre
eux pour « infraction de la loi 2911 sur les manifestations publiques ».
Trois périodiques suspendus et cinq autres saisis
Le 20 avril, la cour de sûreté d’Etat n°3 d’Istanbul suspend l’hebdomadaire
d’extrême gauche Halkin Günlügü pour une période de quinze jours en vertu de
l’article 5680 de la loi sur la presse pour « propagande d’une organisation
illégale » et « atteinte à la sécurité de l’Etat ». En raison d’un article
publié dans l’édition du 1-16 août 1997, le rédacteur en chef Zeynel Engin
est également condamné à six mois de prison et 540 millions de livres
turques. Le 18 avril, le numéro 41 de l’hebdomadaire avait été saisi sur
ordre de la cour de sûreté d’Etat n°2 d’Istanbul pour « propagande d’une
organisation illégale (le TKP-ML) ».
Le 3 mai, l’hebdomadaire prokurde Hêvi est suspendu pour une semaine par la
cour de sûreté de l’Etat n°3 d’Istanbul pour « propagande séparatiste »
(article 8 de la loi 3713 antiterroriste). Le 19 juillet 1997, le magazine
avait publié un article intitulé « La liberté ne se gagne pas en accusant
n’importe comment ». Selon des journalistes de Hêvi, un mandat d’arrêt aurait
été lancé contre le rédacteur en chef Sores Erdogan. Le 21 avril, Hêvi avait
déjà été suspendu pour quinze jours par la cour de sûreté d’Etat n°2
d’Istanbul pour « propagande séparatiste ».
Le mensuel d’extrême gauche Odak est suspendu pour une période d’un mois par
la cour de sûreté d’Etat d’Istanbul pour « propagande séparatiste » à la suite
de la parution, le 8 mai 1997, dans le courrier des lecteurs, d’une lettre
intitulée « La vérité de la vie et les propos d’amnistie ». Odak avait
précédemment été suspendu pour quinze jours par la cour de sûreté d’Etat
pour « propagande séparatiste » et « propagande d’une organisation illégale
(Dirinis et Dev-Genc) ». Le mensuel n’était pas paru entre le 17 mars et le
17 avril.
En outre, durant la même période, les périodiques d’extrême gauche Devrimci
Hedef, Alevi Halk Gercegi, Kurtulus, Uzun Yürüyüs et Alinterimiz sont saisis
pour « propagande séparatiste » ou « propagande d’organisations illégales ».
Özgür Bakis interdit de distribution dans la région d’urgence
Depuis le 7 mai, le quotidien prokurde Özgür Bakis, qui paraît depuis le 18
avril 1999, est interdit de distribution dans les villes de Diyarbakir,
Hakkari, Siirt, Sirnak, Tunceli et Van de la région d’urgence (OHAL, sud-est
anatolien) en vertu de l’article 11 (e) de la loi de la région d’urgence.
Güney fermé par le préfet de Siirt
Le 28 avril, le prefet de Siirt, dans la région d’urgence (OHAL, sud-est
anatolien), ordonne la fermeture de l’hebdomadaire régional Güney pour
« moquerie contre l’autorité de l’Etat » à la suite d’articles critiques à son
encontre parus dans le numéro 55.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (RTÜK) prend vingt-quatre mesures de
suspension et avertit vingt-six médias
Entre le 16 avril et le 18 mai, le Conseil supérieur de l’audiovisuel
ordonne vingt-quatre mesures de suspensions à l’encontre de dix-huit radios
ou chaînes de télévisions. De plus, en vertu de l’article 4 alinea a, i et g
de la loi 3984, le RTÜK doit prochainement prendre des sanctions à
l’encontre de Radyo Foreks, Radyo Fon, Radyo Box, Net FM, Radyo Aktif et
Radyo S pour avoir diffusé en direct les bulletins d’information de la
section turque de la radio britannique BBC. Au cours d’un des reportages, la
BBC avait diffusé les déclarations d’un représentant du PKK.
Une émission sur la corruption censurée avant diffusion
Le 4 mai, le tribunal de grande instance de Fatih (Istanbul) censure « par
précaution » un programme intitulé « Arena », réalisé par Ugur Dündar, que
devait diffuser Kanal D. L’émission était consacrée à la corruption supposée
au sein de la municipalité d’Istanbul. Les juges ont décidé que, l’enquête
étant toujours en cours, la diffusion du programme pouvait violer le secret
de l’instruction.
Reporter sans frontières :
– dénonce la décision d’arrêter Haluk Gerger, simplement coupable d’avoir
exprimé son opinion sur le problème kurde,
– proteste contre la peine de prison prononcée à l’encontre d’Oral Çalislar
qui n’a fait qu’exercer son métier de journaliste,
– proteste contre l’interpellation de journalistes,
– s’élève contre les mesures de censure prononcées contre les journaux, les
radios et les télévisions turques, notamment contre celles touchant les
médias qui s’expriment pacifiquement sur le problème kurde ou qui enquêtent
sur les affaires de corruption.
Reporters sans frontières demande toujours :
– la libération immédiate et inconditionnelle des quatre journalistes
suivant :
Ismaël Besikçi, du quotidien prokurde Özgür Gündem, interpellé le 12
novembre 1993
Hasan Özgün, du quotidien prokurde Özgür Gündem, interpellé le 9 décembre
1993
Ayten Öztürk, de l’hebdomadaire d’extrême gauche Kurtulus, interpellée le 13
octobre 1997
Dogan Güzel, du quotidien prokurde Özgür Gündem, interpellé le 31 juillet
1998
– un procès juste et équitable pour les deux journalistes suivant :
Nureddin Sirin, du quotidien islamiste Selam, interpellé le 6 février 1997
Asiye Zeybek Güzel, de l’hebdomadaire d’extrême gauche Atilim, interpellée
le 22 février 1997