Plusieurs membres de l’IFEX rapportent que de nombreux journalistes et écrivains ont été arrêtés et détenus en Turquie récemment. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), le journaliste britannique Andrew Finkel, en poste à Istanbul, a été accusé le 10 juin d’avoir « insulté les institutions de l’État » aux termes de l’article 159 du […]
Plusieurs membres de l’IFEX rapportent que de nombreux journalistes et écrivains ont été arrêtés et détenus en Turquie récemment. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), le journaliste britannique Andrew Finkel, en poste à Istanbul, a été accusé le 10 juin d’avoir « insulté les institutions de l’État » aux termes de l’article 159 du Code pénal de Turquie. L’accusation fait suite à un article de février 1998 que Finkel avait écrit pour le quotidien « Sabah » au sujet des opérations militaires de la Turquie contre les Kurdes dans le sud-est du pays. Une autre audience a été fixée au 16 novembre. Finkel est correspondant des magazines « Time » et « The Times of London » et paraît à CNN. S’il est reconnu coupable, il est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à six ans d’emprisonnement.
Le CPJ rapporte également que Hasan Deniz, rédacteur en chef du quotidien « Özgür Bakis », a été accusé le 4 juin devant le tribunal de la sécurité de l’État, à Istanbul, d’être « venu en aide à une organisation illégale » et immédiatement arrêté. L’accusation a trait à la parution, le 3 juin, d’un article intitulé « Le PKK donne son appui au Projet Öcalan ». Le 18 mai, rapporte le CPJ, le chroniqueur Oral Calislar, du journal « Cumhurriyet », a été reconnu coupable d’avoir diffusé de la « propagande séparatiste » et condamné par ce même tribunal à treize mois de prison. Les accusations faisaient suite à un livre de Calislar, intitulé « Le problème kurde avec Öcalan et Burkay », écrit en 1993. Abdullah Öcalan, qui est le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), est détenu en Turquie et Reporters sans frontières (RSF) rapporte que certains journalistes se sont heurtés à des restrictions dans la couverture du procès, en mai.
Le groupe Human Rights Watch (HRW) a dénoncé le 3 juin l’emprisonnement, depuis un an, de Akin Birdal, défenseur bien connu des droits de la personne, reconnu coupable et condamné en juillet 1998 pour un discours prononcé en septembre 1996 dans lequel il avait lancé un appel à « la paix et [à] la compréhension » à l’égard de la minorité kurde. Ce n’est que maintenant que Birdal, qui est président de la prestigieuse Association de défense des droits de la personne de Turquie, prend le chemin de la prison, son appel ayant été rejeté. « En Turquie, on viole couramment le droit à la liberté d’expression », déclare Holly Carter, directrice générale de HRW pour les divisions d’Europe et d’Asie centrale. « Depuis les années 80, les gouvernements qui se sont succédé en Turquie promettent de lever les restrictions à la liberté d’expression, mais le cas de Birdal montre bien que ce ne sont que des promesses vides de sens. »
Le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) rapporte que le poète, écrivain et journaliste kurde Yilmaz Odabasi a pris le chemin des cellules le 12 mars dernier après avoir été condamné à dix-huit mois de prison. Il a été reconnu coupable d’avoir « insulté le fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Ataturk », dans un recueil de poésie intitulé « Rêve et Vie ». Odabasi a été emprisonné une première fois en 1980. Il aurait alors été torturé. Lors du 52e Congrès mondial des journaux, à Zurich, l’Association mondiale des journaux (AMJ) a lancé un appel au Président de la République turque, Suleyman Demirel, pour obtenir la libération du professeur Ismail Besikci qui, selon l’AMJ, « a été encore incarcéré en 1993, condamné à une peine pouvant aller jusqu’à 90 ans de prison, et qui, au total, a passé 37 ans derrière les barreaux, parce qu’il écrit sur la situation des Kurdes dans le pays ».