Reporters sans frontières et le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) signalent que deux journalistes emprisonnés seraient morts en Turquie au mois de mars. Selon RSF, Ãetin Günes, éditorialiste au périodique d’extrême gauche « Hedef » (Cible), serait mort le 27 mars dans un hôpital d’Ankara à la suite de troubles cardiaques. Il avait […]
Reporters sans frontières et le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) signalent que deux journalistes emprisonnés seraient morts en Turquie au mois de mars. Selon RSF, Ãetin Günes, éditorialiste au périodique d’extrême gauche « Hedef » (Cible), serait mort le 27 mars dans un hôpital d’Ankara à la suite de troubles cardiaques. Il avait été interpellé le 5 juillet dernier et condamné à seize mois de prison pour « propagande séparatiste » (aux termes de l’article 8 de la loi 3713 antiterroriste) à cause d’un article intitulé « Rôle et caractéristiques d’un militant de la révolution turque », paru en septembre 1994 dans le mensuel d’extrême gauche « Sosyalist Alternatif ». Le journaliste avait déjà été emprisonné auparavant et avait participé à un mouvement de grève de la faim en 1996. Il souffrait depuis longtemps de troubles cardiaques. Il était âgé de 28 ans.
Le WiPC rapporte par ailleurs que, selon Amnistie Internationale, le journaliste Bayram Namaz a annoncé le 9 mars dans une conférence de presse que son collègue Suleiman Yeter est décédé à la suite des tortures subies lorsqu’ils étaient tous deux en détention ensemble. Le 5 mars, Namaz, Yeter et trois autres personnes ont été arrêtés dans les bureaux du journal « Dayanisma » et détenus dans les cellules de la division antiterroriste de la police d’Istanbul. Le lendemain, Yeter aurait dit à Namaz qu’il avait été dévêtu et passé à tabac, aspergé d’eau froide et forcé de s’étendre sur la glace. Cette nuit-là , Namaz et les autres détenus ont entendu les cris de quelqu’un qui subissait des tortures; le lendemain matin, dit le WiPC, le procureur de l’Ãtat de Fatih a annoncé que Yeter était mort en détention.
Namaz a été relâché le 9 mars et a communiqué avec l’Association de défense des droits de la personne de Turquie et au bureau du Procureur de l’Ãtat de Fatih. Selon le WiPC, « [Namaz] affirme qu’il est surveillé étroitement depuis les douze derniers jours par des policiers qui le suivent dans des voitures identifiées et qu’il craint pour sa sécurité ». Namaz et Yeter faisaient partie d’un groupe de quinze détenus dont les affirmations de tortures subies en détention en 1997 ont fait l’objet d’une enquête officielle, à la suite de laquelle Yeter avait été détenu et menacé. Le 24 mars, dit le WiPC, « le Barreau d’Istanbul a dit craindre que la mort de Yeter [ne soit] une vengeance directe de ses efforts pour traîner devant les tribunaux ceux qui l’avaient torturé en 1997. »
D’après l’Institut international de la presse (IIP) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le permis de télévision par satellite de « Med Broadcasting Ltd. » (« Med TV »), dont le siège est à Londres, a été suspendu pour 21 jours à la fin mars. « Med TV » est la seule station de télévision par satellite à diffuser en kurde. La Commission britannique de la télévision indépendante (ITC) est d’avis que « Med TV » avait diffusé plusieurs fois en février des éléments « susceptibles d’encourager le crime ou d’y inciter, ou de mener au désordre, d’une manière qui justifie la révocation du permis ». « Med TV » peut interjeter appel dans les vingt-et-un jours, après quoi la Commission doit décider de révoquer ou non son permis. L’IIP rapporte que « le gouvernement turc a bien accueilli la décision de la Commission et demandé l’interruption permanente de la radiodiffusion de âMed TV’. [L’IIP ajoute que] le Conseil national de sécurité de Turquie accuse âMed TV’ de diffuser de la âpropagande séparatiste’ et cherche constamment à en bloquer les émissions. Les nouvelles et les émissions d’affaires publiques sont brouillées par des signaux provenant de Turquie; pendant ce temps, dans les régions kurdes de Turquie, les antennes paraboliques sont interdites, repérées et détruites par des unités de l’armée et de la police. » La FIJ « s’inquiète tout particulièrement de cette décision parce que âMed TV’ offre une tribune culturelle et linguistique à diverses communautés d’Europe. La station diffuse en plusieurs langues et défend diverses traditions culturelles et religieuses. »