L’Institut international de la presse (IIP), Reporters sans frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’Union internationale des éditeurs (UIE) rapportent que le gouvernement turc a retardé la mise en oeuvre d’un nouveau code pénal controversé après la bruyante opposition des journalistes, selon qui ce nouveau code entraînera davantage de restrictions à la […]
L’Institut international de la presse (IIP), Reporters sans frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’Union internationale des éditeurs (UIE) rapportent que le gouvernement turc a retardé la mise en oeuvre d’un nouveau code pénal controversé après la bruyante opposition des journalistes, selon qui ce nouveau code entraînera davantage de restrictions à la liberté de la presse.
Selon des représentants de ces groupes, le nouveau Code pénal turc (CPT), adopté par le gouvernement en septembre 2004, n’entrera en vigueur que le 1er juin 2005. Il devait le faire le 1er avril. Des centaines de journalistes, dont les dirigeants de 15 associations de presse, ont manifesté contre la nouvelle législation, qui contient selon eux des dispositions susceptibles de restreindre le droit de couvrir et qui pourraient conduire à des poursuites arbitraires contre les journalistes et les médias.
D’après l’IIP, la loi en vertu de laquelle les journalistes peuvent être incarcérés s’ils contreviennent aux dispositions concernant les insultes et la diffamation pénales, vise particulièrement les médias parce qu’elle alourdit les peines de prison lorsque les médias sont impliqués.
RSF fait remarquer qu’aux termes de l’article 125, le fait d’insulter une personne de manière à « l’humilier, la déshonorer et porter atteinte à sa dignité » est passible de trois mois à deux ans de prison. La peine peut être augmentée d’un tiers si elle est commise par voie de presse. L’article 305 prévoit des peines de trois à dix ans de prison pour les personnes qui expriment une opinion sur le génocide Arménien ou la présence turque à Chypre, sujets jugés contraires aux « intérêts nationaux fondamentaux ». La peine peut être accrue jusqu’à 15 ans de prison si l’opinion est exprimée dans les médias.
Pour l’IIP, le gouvernement turc doit s’engager dans de vastes consultations auprès des médias, y compris le Conseil de presse, l’Association des éditeurs et l’Association des journalistes, afin d’assurer l’élimination des dispositions du CPT qui entravent la liberté de la presse.
Bien que la Turquie ait indiqué être disposée à adoucir ses lois restrictives pour les faire correspondre aux normes européennes, l’inquiétude demeure quant à l’attitude du premier ministre Recep Tayyip Erdogan à l’égard de la presse, dit la FIJ. Erdogan a intenté en effet des poursuites en diffamation contre deux caricaturistes accusés de l’avoir « humilié ».
Le 21 décembre 2004, Musa Kart a été condamné à 3 000 euros (3 850 $ US) d’amende pour avoir fait du premier ministre un chat emmêlé dans une boule de ficelle, dans l’édition du 9 mai du quotidien « Cumhuriyet ». Kart a interjeté appel du jugement.
Quant à Sefer Selvi, caricaturiste au journal « Gunluk Evrensel », il a lui aussi été condamné à une amende pour avoir tourné Erdogan en dérision en le dessinant en cheval enfourché par un de ses conseillers (voir à : http://www.cartoon-crn.com/).
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=12927
– IIP : http://www.freemedia.at/Protests2005/Turkey23.03.05.htm
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=2906&Language=FR
– Union internationale des éditeurs :
http://www.ipa-uie.org/PressRelease/171204/COMMENTS.htm
– Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2004/12/15/turkey9865.htm
– Al-Jazirah :
http://english.aljazeera.net/NR/exeres/6DD6FDDC-3506-4D68-8F22-A1FD59017B5D.htm
– Guerre de la Turquie contre les caricaturistes politiques : http://www.counterpunch.org/dickinson03312005.html
– Rapport de l’Union européenne sur la Turquie : http://europa.eu.int/comm/enlargement/report_2004/pdf/tr_recommandation_en.pdf