Le 11 octobre 2007, un tribunal pénal d’Istanbul condamnait Arat Dink, rédacteur en chef du magazine turco-arménien « Agos », et Sarkis Serkopyan, le propriétaire du permis d’exploitation du magazine, à un an de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables aux termes de l’infâme article 301 du code pénal relatif à l’« insulte […]
Le 11 octobre 2007, un tribunal pénal d’Istanbul condamnait Arat Dink, rédacteur en chef du magazine turco-arménien « Agos », et Sarkis Serkopyan, le propriétaire du permis d’exploitation du magazine, à un an de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables aux termes de l’infâme article 301 du code pénal relatif à l’« insulte au caractère turc », à cause d’un reportage publié en 2006, dans lequel le père de Dink, Hrant Dink, avait qualifié de génocide les tueries et les disparitions de masse d’Arméniens en Turquie vers 1915.
Hrant Dink, lui-même rédacteur en chef d’« Agos » au moment de son entrevue fatidique à Reuters, a été assassiné par un nationaliste extrémiste six mois plus tard. En 2005, il avait été condamné, dans une autre affaire intentée aux termes de l’article 301 à une peine de six mois de prison avec sursis, indique le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC). Même si le président Abdullah Gül, qui vient d’être élu, a laissé entendre que l’article 301 pourrait être modifié, le WiPC indique que de nombreux écrivains et journalistes sont poursuivis aux termes de cet article.
L’IPS Communication Foundation (BIANET) rapportait le 27 septembre que l’écrivain Umur Hoztali avait été condamné à verser une amende de 2 500 $ US pour un article qui donnait à penser que le public n’avait pas confiance dans la police et dans le système judiciaire de Turquie. Dans une autre affaire qui a fait grand bruit, l’éditeur Ragip Zarakolu a comparu au début octobre pour la douzième audition d’une plainte contre lui pour avoir publié « L’Histoire nous libérera/Conciliation turco-arménienne », de l’auteur arménien George Jejian. L’audience a été ajournée au 5 décembre.
Un nouveau membre de l’IFEX, l’Initiative pour la liberté d’expression (DSKG), couvre une affaire criminelle intentée aux termes de la « Loi sur les crimes contre Atatürk », qui ont trait à Mustafa Kemal, dit Kemal « Atatürk », fondateur de la république turque moderne. Le professeur Atilla Yayla s’est attiré des sanctions de l’Université Gazi, dit le DSKG, ainsi que des chefs d’inculpation criminels pour avoir critiqué le « kémalisme » entre 1923 et 1945.
Dans deux autres affaires concernant la liberté de parole, BIANET rapporte que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tranché contre les poursuites turques. Déclarant qu’il était normal de « douter de la neutralité et de l’indépendance » des tribunaux de la sécurité d’État, la CEDH a ordonné dans ces deux affaires des amendes et des réparations contre la Turquie.
Dans la première affaire, la CEDH a décrété que Erdal Tas, ancien rédacteur en chef du journal « Yeni Gündem », maintenant disparu, n’a pas eu droit à un procès juste et équitable lorsqu’il a dû répondre à l’accusation d’avoir publié certaines déclarations de membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit. Dans l’autre, la CEDH a conclu que la punition infligée à Akin Birdal, ancien président de l’Association des droits de la personne (IHD) et aujourd’hui député du Parti de la Société démocratique (DTP), pro-kurde, pour un discours de 1995, violait la liberté d’expression.
Le PEN d’Allemagne a annoncé qu’« Agos » recevra la médaille Hemann-Kesten 2007, qui est accompagnée de la somme de 10 000 euros (24 000 $ US), décernée par le Ministère des Sciences et des Arts de Hesse. La veuve de Hrant Dink, Rakel Dink, recevra la récompense en Allemagne le 15 novembre, « Journée de l’Écrivain en prison » du PEN International.
Plus tôt, Reporters sans frontières (RSF) a fait part de son indignation devant des rapports selon lesquels les éléments de preuve dans l’enquête sur le meurtre de Dink avaient disparu. « Les éléments prouvant que les autorités (…) connaissaient les plans en vue de tuer Dink ont été délibérément laissés de côté », dit RSF. La prochaine audience est prévue pour le 11 février 2008.
Consulter les sites suivants :
– PEN International : http://ifex.org/en/content/view/full/86981/
– DSKG : http://ifex.org/en/content/view/full/86998/
– BIANET, à propos de Dink : http://tinyurl.com/2z649a
– BIANET, à propos de la CEDH : http://ifex.org/en/content/view/full/86774/
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=23893
(12 octobre 2007)