Les autorités ougandaises ont fermé une station locale de radio privée, « K-FM », et accusé de sédition l’animateur d’une émission-débat après que celui-ci eut prétendu que le décès récent de l’ancien vice-président soudanais John Garang était attribuable à l’« incompétence » du gouvernement ougandais, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des […]
Les autorités ougandaises ont fermé une station locale de radio privée, « K-FM », et accusé de sédition l’animateur d’une émission-débat après que celui-ci eut prétendu que le décès récent de l’ancien vice-président soudanais John Garang était attribuable à l’« incompétence » du gouvernement ougandais, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
Le 11 août 2005, les autorités ont ordonné la fermeture de « K-FM », le lendemain du jour où le Président Yoweri Museveni a menacé de fermer tous les médias d’information qui agissent comme des « vautours » et qui « s’amusent avec la sécurité régionale », dit RSF.
Ses commentaires visaient à répondre aux reportages des médias qui regorgent de rumeurs sur les causes de la mort de Garang. L’ancien dirigeant rebelle a succombé le 30 juillet lorsque l’hélicoptère présidentiel ougandais à bord duquel il se trouvait s’est écrasé dans le sud du Soudan, trois semaines après avoir été assermenté comme vice-président du Soudan.
Andrew Mwenda, qui anime une tribune téléphonique sur K-FM, avait discuté de l’écrasement de l’hélicoptère et des menaces du président d’interdire les médias. Il avait fait remarquer que l’incompétence du gouvernement avait mené à l’accident de l’hélicoptère qui transportait Garang. Le 12 août, Mwenda était arrêté et accusé de sédition, crime passible de cinq ans de prison, indique le CPJ. Il a été accusé de chercher à « susciter la haine ou le mépris ou d’exciter la désaffection » à l’égard du Président Museveni. Il a été détenu par la police pendant trois jours avant d’être remis en liberté le 15 août, après avoir déposé une caution de 10,5 millions de shillings ougandais (5 800 $ US).
Mwenda est également rédacteur politique au journal « The Monitor », un quotidien indépendant qui appartient à Monitor Publications. Cette entreprise de médias, qui possède aussi « K-FM », envisage d’interjeter appel de l’accusation de sédition.
Le CPJ, RSF et la FIJ ont invité les autorités ougandaises à rouvrir « K-FM » et à abandonner immédiatement les accusations portées contre Mwenda.
Ce n’est pas la première fois que des journalistes ougandais qui rapportent des nouvelles sur des « questions de sécurité nationale » sont réduits au silence. En octobre 2002, Frank Nyakairu, reporter au même journal, « The Monitor », avait été arrêté après avoir fait paraître un reportage dans lequel il affirmait qu’un hélicoptère de l’armée s’était écrasé dans le nord de l’Ouganda, où les troupes gouvernementales livrent depuis 18 ans une guerre sanglante contre un groupe rebelle, l’Armée de Résistance du Seigneur (voir à : http://ifex.org/en/content/view/full/31969/).
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14685
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Uganda15aug05na.html
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=3304&Language=EN
– Reuters : Un reporter ougandais nie toute sédition à propos de remarques sur Garang : http://tinyurl.com/bpx77
– Human Rights Watch : http://www.cpj.org/news/2005/Uganda15aug05na.html
– Notice nécrologique de John Garang : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/2134220.stm