La concentration de la propriété des médias en Turquie, pays où trois entreprises dominent la presse, fait lâobjet cette semaine dâun examen plus attentif à la suite de la publication, par la Fédération internationale des journalistes (FIJ), dâun rapport qui exige des modifications juridiques afin de protéger la liberté de la presse. « En Turquie, […]
La concentration de la propriété des médias en Turquie, pays où trois entreprises dominent la presse, fait lâobjet cette semaine dâun examen plus attentif à la suite de la publication, par la Fédération internationale des journalistes (FIJ), dâun rapport qui exige des modifications juridiques afin de protéger la liberté de la presse. « En Turquie, dit la FIJ, lâéquilibre des forces dans lâindustrie des médias penche lourdement en faveur dâemployeurs impitoyables, dans un pays où la concentration de la propriété des médias atteint un degré intolérable. »
Lâorganisation a dépêché en avril une délégation en Turquie, où elle a rencontré des représentants de syndicats de journalistes, des propriétaires de médias et des représentants du gouvernement. Son organisation affiliée en Turquie, le Syndicat des journalistes de Turquie (Türkiye Gazeteciler Sendikasi, TGS), a déclaré à la FIJ que les conglomérats de médias limitent la couverture des questions controversées. La pratique de lâautocensure dans les médias et lâabsence de syndicat organisé affaiblissent le rôle du journaliste dâenquête. Certains cadres supérieurs des médias filtrent la couverture des nouvelles pour le compte des propriétaires, ce qui empêche les journalistes de couvrir quoi que ce soit qui puisse entrer en conflit avec les intérêts commerciaux de lâentreprise, dit le TGS. De plus, des représentants du gouvernement et des députés ont admis en privé être « intimidés par la puissance des propriétaires de médias ».
Par ailleurs, la Turquie compte plus de 300 dispositions législatives et réglementaires qui restreignent la liberté dâexpression, la religion, la langue et le droit dâassociation, dit la FIJ. Et le gouvernement sâapprête à faire adopter un projet de loi qui permettrait aux propriétaires de médias de présenter des soumissions en vue dâobtenir de lucratifs contrats gouvernementaux. Le projet de loi proposé maintien lâinterdiction de la radiodiffusion en langue kurde; il interdit également aux médias de mettre en ondes le « pessimisme », expression vague susceptible dâêtre interprétée de façon à signifier nâimporte quoi â y compris la critique du gouvernement, fait remarquer la FIJ.
Lâorganisation affirme que les journalistes font face à deux difficultés en Turquie : ils doivent obtenir la liberté de la presse et le respect des droits de la personne, et ils doivent mieux sâorganiser pour résister aux pressions et au « pouvoir écrasant » des propriétaires des médias. Le rapport de la FIJ contient plusieurs recommandations, dont un appel à lâorganisation dâun séminaire sur la liberté dâexpression en Turquie avec des groupes locaux et internationaux de défense des droits de la personne, et à la création de cours de formation, avec le TGS, pour les journalistes sans emploi qui éprouvent des difficultés sur le marché du travail.
Le rapport complet se trouve à : http://www.ifj.org/publications/mission/Turkey.doc. « >http://www.ifj.org/publications/mission/Turkey.doc »>http://www.ifj.org/publications/mission/Turkey.doc.
Reporters sans frontières (RSF) et le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) réclament aussi avec insistance des modifications aux lois de la Turquie sur les médias. Voir les « Communiqués » 11-13 et 11-06 de lâIFEX.