Le Conseil de la radiodiffusion de l’Ouganda (Uganda Broadcasting Council, UBC) a suspendu un populaire présentateur de la station de radio « Capital FM » parce qu’il a reçu des militants gais qui auraient tenu en ondes des propos « orduriers », rabaissant ainsi un débat sur les droits des gais et lesbiennes, qui avait […]
Le Conseil de la radiodiffusion de l’Ouganda (Uganda Broadcasting Council, UBC) a suspendu un populaire présentateur de la station de radio « Capital FM » parce qu’il a reçu des militants gais qui auraient tenu en ondes des propos « orduriers », rabaissant ainsi un débat sur les droits des gais et lesbiennes, qui avait repris, rapporte le Media Institute, le groupe membre de l’IFEX basé au Kenya.
Gaetano Kaggwa, qui coanime l’émission du matin de Capital FM, accueillait le 22 août un homosexuel et une lesbienne qui auraient utilisé des expressions que UBC estime être un « langage inacceptable », « violant ainsi les normes minimales en matière de radiodiffusion ». Au cours de l’émission, deux des coprésentateurs ont dit s’opposer à l’homosexualité, tandis que Kaggwa a dit n’y voir « aucune difficulté », rapporte le Media Institute.
Kaggwa s’est vu interdire d’aller en ondes au moins jusqu’au 4 septembre, en attendant que sa suspension soit passée en revue lors d’une autre rencontre entre l’UBC et les propriétaires de Capital FM. Le contrôleur de l’émission, George Manyali, est également suspendu, indiquent les dépêches locales.
Les suspensions, les premières du genre de l’histoire récente des médias ougandais, visaient à protéger le public, dit l’UBC. Selon le Media Institute, toutefois, elles visaient à étouffer la reprise du débat sur l’homosexualité, qui a pris de l’ampleur à la veille de la Réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth prévue en novembre à Kampala.
Le débat sur l’homosexualité en Ouganda a été ravivé par un article publié le 11 août dans le journal « Daily Monitor », sur le nombre d’organisations gaies et leurs membres inscrits.
Certaines églises chrétiennes ont organisé une manifestation contre l’homosexualité et accusent le journal de subir l’influence d’employés gais.
En réponse, Minorités sexuelles Ouganda (Sexual Minorities Uganda, SMUG), l’organisation-parapluie des organisations lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et intersexuelles d’Ouganda, a tenu sa toute première conférence de presse. Le groupe a lancé sa campagne « Laissez-nous vivre en paix » -, et condamne la violence et la discrimination contre les homosexuels, ainsi que le silence – « qui présente un danger mortel » – sur l’homosexualité dans les programmes de prévention du VIH/SIDA.
La conférence de presse a déclenché une série de menaces publiques de la part de hauts dignitaires, dit Human Rights Watch. Le 21 août, le Procureur général adjoint Fred Ruhindi a demandé qu’on utilise le droit pénal contre les gais et les lesbiennes du pays. Quelques jours auparavant, le ministre de l’Éthique et de l’Intégrité, James Nsaba Buturo, avait publiquement qualifié l’homosexualité de « non naturelle » et, tout en minimisant les accusations selon lesquelles la police harcelait les gens de l’organisation des gais et lesbiennes, avait mis en garde : « Nous les connaissons, nous savons précisément qui ils sont. »
Conséquence de ces menaces, un grand nombre des membres du SMUG se sont réfugiés dans la clandestinité, et certaines stations de radio comme Capital FM, qui discutent des principales nouvelles des journaux, « semblent en avoir payé le prix », dit le Media Institute.
D’après Human Rights Watch, la communauté gaie et lesbienne d’Ouganda subit le stigmate et le harcèlement des responsables du gouvernement. Les lois de l’Ouganda, y compris la Constitution, interdisent l’homosexualité et le mariage entre conjoints de même sexe, et prévoient des peines de prison allant de sept ans à la prison à vie.
Human Rights Watch presse le gouvernement de mettre fin à une longue campagne de déclarations homophobes par de hauts fonctionnaires, de cesser d’arrêter des gens en vertu des lois sur la sodomie et d’abroger celles-ci, et d’offrir sa protection contre la violence et le harcèlement des défenseurs des droits de la personne qui travaillent à protéger les droits des gais et lesbiennes.
Consulter les sites suivants :
– Media Institute : http://ifex.org/en/content/view/full/85917/
– Appel de Human Rights Watch au Président de l’Ouganda, objet : homophobie : http://tinyurl.com/37sjc9
– Human Rights Watch, à propos de la campagne du gouvernement contre les homosexuels : http://tinyurl.com/32x99n
– Communiqué du 16 août du SMUG : http://tinyurl.com/24fsgd
– Journal « The New Vision » à propos des suspensions à Capital FM : http://tinyurl.com/2atdcc
(Photo : Manifestation devant le Haut Commissariat de l’Ouganda à Londres pour protester contre la chasse aux sorcières menée contre les gais et lesbiennes d’Ouganda – septembre 2006. Photo courtoisie de OutRage!)
(4 septembre 2007)