Mars en Afrique: Un tour d’horizon des principales informations sur la libre expression, basé sur les rapports des membres de l'IFEX.
Ceci est une traduction de la version originale de l’article.
Le mois de mars fut particulièrement éprouvant en raison des multiples tragédies qui ont frappé le continent.
Le 10 mars, le continent africain apprenait qu’un vol d’Ethiopian Airlines, en route pour Nairobi, s’était écrasé peu après son décollage d’Addis-Abeba. Aucun des 157 passagers n’a survécu. Trois jours plus tard, le cyclone Idai frappait le Mozambique et les pays voisins, le Malawi et le Zimbabwe, causant des destructions massives et des pertes humaines importantes. Ensuite, les manchettes ont été dominées par les nouvelles du massacre de 134 bergers peuls dans ce qui a été décrit comme le pire conflit intertribal du Mali.
Au milieu du cette débâcle, deux succès significatifs sont à noter.
Le Ghana adopte enfin le projet de loi sur l’accès à l’information
Le mois s’est achevé sur une note triomphale lorsque le Parlement ghanéen a adopté et approuvé le projet de loi sur l’accès à l’information en troisième lecture le 26 mars.
Wonderful news for #infoaccess and #transparency from #Ghana where the #RTI law has finally been passed.
Well done to all who have made this possible. Good timing before #wpfd19. Let’s make sure it’s implemented well. #SDG16 #right2know @guyberger @EUinUG @europeaid @media4dem https://t.co/KXZfw8e8nj— Caroline Giraud (@Karolinushka) March 27, 2019
Une merveilleuse nouvelle pour le #droitalinformations et la #transparence au #Ghana où le La #loi sur l’accès à l’information a enfin été adoptée. Bravo à tous ceux qui ont rendu cela possible. Un bon timing avant #wpfd19. Veillons à sa mise en œuvre. #SDG16 #droit2savoir @guyberger @EUinUG @europeaid @media4dem
Au fil des ans, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et de nombreuses organisations et coalitions de la société civile, dont OccupyGhana®, Media Coalition on RTI Bill (MCRTI) et Coalition on the Right to Information (CRTI), ont milité en faveur de cette loi. En novembre dernier, les Ghanéens ont été appelés à porter du rouge le vendredi et de publier leurs photos sur les médias sociaux avec le mot-clic #RTIRedFriday, comme preuve de leur détermination collective à faire adopter ce projet de loi.
Bien qu’Alban Bagbin, deuxième vice-président du Parlement, ait décrit la loi comme l’une des meilleures au monde, le MCRTI s’est dit préoccupé par certaines des dispositions qui constituent probablement des obstacles à l’accès à l’information.
Libération des écolières accusées de gribouillages au Burundi
Le deuxième moment de célébration fut la libération de trois écolières burundaises arrêtées et détenues pour avoir gribouillé sur une photo du Président Pierre Nkurunziza dans des manuels scolaires. Le contrecoup de l’arrestation des jeunes filles, âgées de 15, 16 et 17 ans, s’est traduit par une campagne sur les réseaux sociaux sous le mot-clic #Burundi #FreeOurGirls. En solidarité avec les filles et pour protester contre leur détention, les utilisateurs de réseaux sociaux du monde entier ont été invités à griffonner sur les images du président Nkurunziza, ce qui pourrait faire de lui l’un des postes les plus tendance sur Twitter.
Stop being petty Nkurunziza. Scribbling has never been a crime. #FreeOurGirls pic.twitter.com/aPrUC85PxZ
— D EAST ???????? (@DEAST07299820) March 25, 2019
Arrêtez vos mesquineries Nkurunziza. Gribouiller n’est pas un crime. #FreeOurGirls
Le Burundi semble avoir un penchant pour l’arrestation des écoliers. En juin 2016, les agents de renseignements du pays ont arrêté huit lycéens pour avoir dessiné et écrit des phrases comme « Sortez » ou « Non au 3e trimestre » sur une photo du président Pierre Nkurunziza dans un manuel scolaire.
Pétition pour mettre fin à la fermeture des réseaux sociaux au Tchad
Quatre-vingts organisations et l’African Freedom of Expression Exchange (AFEX) ont signé une pétition exhortant Lawrence Mute, Rapporteur Spécial des Nations Unies (ONU) sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’Opinion et d’Expression en Afrique, à prendre des mesures pour rétablir l’accès en ligne aux plateformes de réseaux sociaux bloqués depuis un an par le gouvernement du Tchad.
Dans son analyse, Global Voices a souligné que l’accès restreint signifie que seulement 5 % des citoyens tchadiens ont accès à Internet, ce qui en fait le taux le plus bas en Afrique. Dans un article de blogue décrivant la situation, Pablo Michelot, rédacteur en chef de l’Encre Noir, a justement intitulé son blogue : Le monde est un village dont les Tchadiens sont exclus.
À la suite de cette pétition, Mute a publié un bref communiqué de presse dans lequel il a fait savoir qu’une lettre de recours avait été envoyée à Idriss Deby, le Président de la République du Tchad, concernant ce déni d’accès.
La journaliste Karima Brown va contester les agressions devant les tribunaux
En Afrique du Sud, quelques jours avant les célébrations mondiales de la Journée internationale de la femme, la journaliste Karima Brown a été inondée de messages insultants, misogynes et racistes, des appels au viol et au meurtre contre sa personne.
Celles-ci faisaient suite à une capture d’écran en ligne du numéro de téléphone de Karima Brown publiée par Julius Malema, chef du parti Economic Freedom Fighters (EFF) sur son compte Twitter. Il accusait Karima Brown d’être une agente de l’État après qu’elle ait, par erreur, affiché un mandat de surveillance destiné à ses collègues de l’eNCA dans le groupe WhatsApp de l’EFF.
Karima Brown a déposé une plainte pour intimidation auprès de la police et se prépare également à porter l’EFF devant le Tribunal électoral. South African National Editors Forum a condamné ce qu’il a qualifié d’une « attaque systémique, abusive et cruelle sur les médias sociaux ».
Quelques jours plus tard, les médias en ligne ont été inondés de messages d’inspiration et de félicitations à l’occasion de la Journée internationale de la femme, qu’il s’agisse de la commémoration de la première femme africaine députée du Ghana, Mabel Dove, ou des applaudissements de Frehiwot Tamiru, PDG de l’Ethio Telecom, l’un des plus grands opérateurs de télécommunications d’Afrique.
#WomanOfTheHour is Ghana’s (and Africa’s) first female MP Mabel Dove Danquah (1905–1984). She was also a journalist, political activist and creative writer, one of the earliest women in West Africa to work in these fields. #InternationalWomensDay #IWD2019 #BalanceForBetter pic.twitter.com/ZeowuuYA1n
— UK in Ghana ???????????????? (@UKinGhana) March 8, 2019
#WomanOfTheHour la première femme députée du Ghana (et d’Afrique), Mabel Dove Danquah (1905-1984). Elle fut également l’une des premières femmes en Afrique de l’Ouest à être journaliste, militante politique et écrivaine. #InternationalWomensDay #IWD2019 #BalanceForBetter
Ethiopia’s state-owned telecoms operator, Ethio Telecom has 66.2 million subscribers, making it one of Africa’s largest telecoms operators. The CEO, Frehiwot Tamiru is a woman. #IWD #InternationalWomensDay pic.twitter.com/NnqUvQZR4j
— Africa Facts Zone (@AfricaFactsZone) March 8, 2019
Ethio Telecom, l’opérateur de télécommunications public éthiopien, compte 66,2 millions d’abonnés, ce qui en fait l’un des plus grands opérateurs de télécommunications d’Afrique. Son PDG, Frehiwot Tamiru, est une femme. #IWD #InternationalWomensDay
En Bref
Dans son dernier rapport intitulé Despots and Disruptions : Five Dimensions of Internet Shutdowns in Africa, the Collaboration on International ICT Policy for East and Southern Africa (CIPESA) examine la corrélation entre le niveau d’autoritarisme d’un pays, la réticence du dirigeant de ce pays à renoncer à son pouvoir et la probabilité d’une interruption ou d’une fermeture d’Internet.
L’AFEX et la section zimbabwéenne de l’Institut des médias d’Afrique australe ont publié des déclarations distinctes exprimant leur profonde préoccupation face aux fermetures d’Internet et des médias, ainsi qu’aux mesures punitives prises par les gouvernements du continent contre les journalistes pour leurs articles critiques.
@AFEXafrica says it is deeply concerned about increasing rate at which governments on continent are quick to penalise journalists critical of their policies or practices: https://t.co/f89bpEZebP @KahWalla @samirasawlani @AJListeningPost @AJEnglish @RaheelaMahomed
— IFEX (@IFEX) March 23, 2019
@AFEXafrica se dit profondément préoccupé par le rythme croissant auquel les gouvernements du continent pénalisent rapidement les journalistes qui critiquent leurs politiques ou pratiques : http://ow.ly/tDU230o9Wbi @KahWalla @samirasawlani @AJListeningPost @AJEnglish @RaheelaMahomed
La journaliste camerounaise Adrienne Engono Moussang a été arrêtée par la police à son domicile. Journaliste au quotidien Mutations, Moussang, spécialiste des questions environnementales et de santé, a d’abord été emmené dans un lieu inconnu, puis transféré dans le 14e arrondissement de Yaoundé. Aucune raison n’a été donnée pour son arrestation et elle a été libérée après quelques heures.
Au Nigeria, des journalistes ont été arrêtés, harcelés, agressés et, dans certains cas, forcés de supprimer des photographies lors des élections législatives et gouvernatoriales Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités nigérianes à enquêter et à demander des comptes aux responsables. La violence, qui a été condamnée par Amnesty International, s’est aggravée lors des nouvelles élections du 23 mars à Kano.
Amnesty International is calling Nigerian authorities @MBuhari @ProfOsinbajo to investigate allegations of widespread violence & intimidation unleashed on voters and journalists during Saturday’s re-run election in Kano. The unprecedented violence in Kano also lead to fatalities.
— Amnesty Int. Nigeria (@AmnestyNigeria) March 26, 2019
Amnesty International appelle les autorités nigérianes @MBuhari @ProfOsinbajo pour enquêter sur les allégations de violences et d’intimidations généralisées dont ont été victimes les électeurs et les journalistes lors des nouvelles élections de samedi à Kano. La violence sans précédent à Kano a également fait des morts.